Hélène de Troie, Prospero, Mars, des posthumains, des sauts quantiques et des trous de ver. Et aussi un allosaure, des petits hommes verts, Ulysse, Proust et une tribu d’Iroquois. Entre autres. Ca vous paraît original et bordélique ? Ça l’est. C’est aussi long. Très long.
Quelques milliers d’années après qu’une épidémie ait anéanti l’Humanité. Les posthumains améliorés par la génétique et la nanotechnologie, réfugiés dans des habitats spatiaux, recréent une population d’humains à l’ancienne. Ceux-ci vivent cent ans, accompagné de robots serviteurs qui s’occupent de toutes les tâches, et libérée de toute crainte des blessures, de la maladie et de la mort grâce à la « firmerie » chargée d’assurer l’entretien de leur corps. Ces humains perdent rapidement toute culture, connaissance et technique, et mènent une vie facile remplie de fêtes.
Sur les satellites de Jupiter, les robots envoyés puis abandonnés par les posthumains s’inquiètent des quantités importantes d’énergie quantique détectées sur une planète Mars. Leur inquiétude les pousse à à organiser une mission de reconnaissance.
Ilium propose trois récits parallèles, qui semblent se dérouler dans le même espace-temps, récits qui vont bien sur se recouper partiellement au fil de l’histoire. Un des problèmes de ce roman est qu’il faut attendre très longtemps pour que les trajectoires se rejoignent enfin, et encore ne parle-t-on ici que de deux de ces récits. Le troisième intègre bien un des personnages d’une autre trame, mais sans qu’on comprenne vraiment pourquoi. Ce qui nous amène au défaut le plus important du livre : les éléments d’exposition à l’univers sont livrés au compte-goutte. Après le premier quart du livre, le lecteur n’est guère plus avancé. A la moitié, on a quelques pièces du puzzle, mais aucune vue d’ensemble cohérente. Plus on s’approche de la fin du roman, et plus on est impatient de comprendre enfin ce qui s’est passé exactement depuis le XXIe siècle, qui sont les posthumains et où ils sont, d’où viennent les dieux grecs, qui tire les ficelles, quels sont les camps qui vont s’affronter dans la guerre à venir, … Et quand le lecteur referme le livre, il ne sait toujours pas de quoi il retourne exactement. Pour ça, il devra lire le second tome et peut-être aura-t-il enfin des réponses à ses questions. Précision importante : Ilium compte 900 pages…
Sur une terre antique, la guerre de Troie fait rage, et les héros de l’Iliade s’affrontent depuis déjà neuf ans. Tous les dieux du panthéon grec sont présents, bien vivants, et dotés de pouvoirs puissants et d’une technologie très avancée. Ils observent les combats et se réjouissent. Zeus a ressuscité une poignée de spécialistes de l’Iliade ayant vécu à différentes époques, afin de s’assurer que le conflit se déroule conformément au récit d’Homère. Ces érudits, les « scholiastes », sont équipés de protections hautement technologiques, mais limitées, qui leur permettent de se mêler aux combattants, notamment en prenant l’apparence de personnages mineurs du récit.
Si les trois histoires distinctes ne sont pas dépourvues d’intérêt, ni d’originalité, elles avancent lentement. Très lentement. Les 200 premières pages en particulier sont rudes, d’autant plus que rien ne permet de relier les trois récits, et que l’univers dans lequel ils se déroulent reste en grande partie incompréhensible.
Finalement, on a surtout l’impression que l’auteur a voulu s’amuser avec L’Illiade de Homère et La Tempête de Shakespeare. Une bonne connaissance de ces deux œuvres améliorera d’ailleurs grandement le plaisir du lecteur d’Ilium. D’autres hobbies de l’auteur semblent surgir ici et là, comme Proust ou la pratique de la voile, qui n’apportent absolument rien à l’histoire et ralentissent et alourdissent l’ensemble.
Malgré tout, ces défauts ne masquent pas entièrement les évidentes qualités du roman, extrêmement original, pluridimensionnel, et ne manquant pas de souffle épique dans la seconde moitié. Il est d’autant plus regrettable qu’il soit si lent à démarrer, et qu’il donne si peu d’éléments permettant de comprendre les tenants et les aboutissants de l’histoire.
Ilium a été nominé pour le prix Hugo du meilleur roman en 2004.
Dan Simmons : Ilium – 2003
Originalité : 4/5. Mêler Shakespeare, la mythologie grecque, les voyages interplanétaires, les intelligences artificielles et le transhumanisme représente un fameux défi.
Lisibilité : 1/5. Beaucoup trop lent et beaucoup trop long.
Diversité : 3/5. Comme le nombre d’histoires que le lecteur suit en parallèle.
Modernité : 3/5. IA, transhumanisme, Fin des Temps, L’Illiade prend un coup de jeune.
Cohérence : 2/5. Après 900 pages, on n’a toujours pas un début d’explication…
Moyenne : 5.2/10.
A conseiller si vous êtes passionné par L’Illiade ou La Tempête, ou les grandes fresques épiques en général. Et si vous n’êtes pas pressé…
https://olidupsite.wordpress.com/2019/03/16/ilium-dan-simmons/