Incendies est un de ces livres que tout le monde avait adoré, et que j'avais alors décidé de ne pas défendre. Mais Incendies est plus fort que tout le monde.
Une pièce très courte, rapide et aisée à lire, qui promettait trop pour donner tout en si peu de pages. Et pourtant.
L'histoire de Simon et Jeanne, l'histoire de leur mère Nawal. A la mort de celle-ci, son testament demande aux enfants, jumeaux, de remettre chacun une lettre : une à leur père qu'ils croient mort, une à un frère dont ils ne connaissaient pas l'existence.
Une histoire de deuil et de recherche de racines, ça parait banal et peu accrocheur. Pourtant Incendies est un pièce qui hurle le vrai à chaque ligne. Une pièce qui joue avec les mots, les phrases, qui a le langage cru et, pourtant, le langage poétique.
Une pièce pleine d'amour et de violence. De silence et de révolte. D'intelligence et d'impulsion.
Simon, boule de nerfs, boule de haine, qui n'a jamais trouvé quelconque stabilité, et sa soeur, calmée dans la réponse de la science, mais qui voit bien que tout s'effondre au moindre doute. Alors ils savent qu'ils doivent accepter de regarder en face les vides de leur vie, pour pouvoir oser espérer une base solide.
Une pièce qui laisse imaginer une mise en scène magnifique, en croisant des personnages qui ne se croisent pas, en faisant dialoguer des monologues, en faisant errer ensemble ceux qui marchent seuls.
""La jumelle et le jumeau, enfants sortis de mon ventre", comme si on était un tas de vomissure, un tas de merde qu'elle a été obligée de chier !"