Cette lettre fait partie d’un diptyque, la « suite spirituelle » de cette lettre sera sur la page du film Incendies de Denis Villeneuve.
Mère,
Hier, nous avons gravé ton nom sur la pierre tombale. Tes dernières volontés sont désormais exaucées, tu n’as maintenant plus à t’en inquiéter.
A ta mort, j’ai versé un torrent de larmes, mais cela n’a pas suffit à éteindre l’incendie de colère qui brûlait dans mon coeur, la lecture de ton testament m’a mis face à un fait indéniable : la vérité sur nos origines devait être dévoilée, si nous ne voulions pas, Simon et moi, vivre gangrénés par la haine, la colère et la rage jusqu’à la fin de nos jours.
Alors, j’ai décidé de prendre mon courage à deux mains afin de mener une quête, un peu comme toi quand tu as voulu retrouver ton fils qui t’a été enlevé, mais cette fois, c’était pour retrouver la vérité qui nous avait été enlevée.
Lorsque je suis arrivée dans ton pays, berceau de l’amour et de la haine, j’étais craintive, j’appréhendais ce que j’allais découvrir car cela allait bouleverser notre vie à tout jamais, mais cela était tout simplement nécessaire pour continuer à vivre.
Chacune des révélations me faisait l’effet d’un couteau qui était à chaque fois enfoncé plus profondément dans ma gorge.
Plus que la découverte de nos origines, ce voyage m’a permis de découvrir qui tu étais vraiment.
Au départ, je pensais que tu étais ce genre de mère, distante, qui ne parvient pas à témoigner de l’amour envers ses enfants.
Au fur et à mesure, j’ai compris que ton silence, ta distance, ne servait qu’à te protéger du chagrin et de la douleur qui t´accablaient.
Derrière cette armure, se cachait en réalité un amour sans faille pour chacun de tes enfants, Simon, Nihad et moi.
Pendant tout mon périple, tu m’as guidé vers le chemin de la raison et tu m’as amené vers deux voies qui m’étaient auparavant inconnues, celles de l’acceptation et du pardon.
Ta fille, Jeanne
Pour lire la suite du diptyque...