Inversions - La Culture, tome 5 par Hard_Cover
La Culture est probablement le meilleur cycle de space opera écrit ces trente dernières années. Avec les huit tomes déjà parus en France (L'Homme des jeux, L'Usage des armes, Une forme de guerre, Excession, Inversions, Le Sens du vent, L'État des arts[1] et Trames), Iain M. Banks[2] a signé une fresque extraordinaire d'un futur exotique et exaltant. Chaque roman étant indépendant, l'auteur britannique a dessiné un univers multiforme, mais les différentes histoires ont pour trait commun la mise en scène d'agents de Circonstances Spéciales, la branche de Contact chargée des opérations en sous-main pour arranger les situations tendues avec les nouvelles civilisations avec lesquelles la Culture entre en contact. Comme Circonstances Spéciales agit toujours dans l'ombre, les agents mis en scène dans les romans de Banks sont souvent des mercenaires et non de véritables agents du service. Ces derniers sont d'ailleurs en grande partie des drones, des Intelligences Artificielles et des citoyens de la Culture qui aiment, contrairement à la plupart de leurs concitoyens, l'aventure.
Eh bien, Inversions fait exception. En effet, l'action de ce roman se déroule sur une planète qui est on ne sait où et on ne sait quand. Il met en scène deux personnages, l'un médecin, Vossill, l'autre garde du corps, DeWar, chacun au service d'un roi d'une contrée de ce monde féodal. Tous deux sont évidemment en lien avec la Culture, même si cela n'est jamais dit clairement, voire complètement occulté. Sans cela, Inversions pourrait aussi bien être un roman non pas de fantasy (pas de magie, pas de monstres, pas d'orques ni d'elfes ni de nains...) mais disons médiéval.
Tant est si bien que le lecteur de science-fiction risque quelque peu d'être désappointé par le décor, les personnages et le sujet de ce roman qui s'insère – par erreur pourrait-on penser au premier abord – dans le Cycle de la Culture. Toutefois, Banks est un très bon auteur et il le prouve une nouvelle fois. Car il décrit deux personnages complexes – trois en comptant le narrateur, Oelph –, dont on apprend petit à petit à faire connaissance, tant du point de vue de leurs personnalités, de leurs ambitions que de leurs passés (mystérieux). Le tout au sein de deux environnements qui tiennent du féodal, en transition vers un âge plus avancé, où la technologie fait son apparition lentement et où l'obscurantisme règne encore fortement. Dans ce monde arriéré, deux ressortissants de la Culture sont forcément savants. Ce sont les connaissances des deux personnages qui prouvent leur appartenance à un autre univers.
Que dire de plus sans trop en révéler du roman ? Le lecteur a tout intérêt à découvrir par lui-même la teneur d'Inversions et ses moindres détails. Car s'il n'est clairement pas le meilleur roman du cycle – on préfèrera les histoires mettant en scène IA, drones et mercenaires employés et manipulés par Circonstances Spéciales – c'est un roman fascinant et de bonne qualité.