Stefan Zweig s'entraîne plutôt ici dans un roman sociologique, plus que psychologique, comme il en a l'habitude, bien que cet élément ne soit jamais longtemps absent.
Le hasard vient bousculer une vie, faite pour être monotone, à mourir d'ennui, pour cette petite exécutante de l'administration des postes. L'argent d'un héritage, les conséquences de la première guerre mondiale, la cohabitation avec la haute société, les changements géopolitiques et des retrouvailles inattendues viennent vivifier cette existence morne, qui n'aspire désormais qu'à l'élévation et des activités un tant soit peu trépidantes. C'est à ses risques et périls : elle connaît donc l'agitation souhaitée, mais également le danger.
Ce roman ne manque pas d'humour et d'ironie, sur l'administration, sur les clichés sociaux, la vie familiale, le vieillissement, la guerre, notamment. Le rythme est soutenu, et même haletant, bien qu'on puisse craindre l'inverse, au tout début, malgré le burlesque des descriptions.
Il est donc réussi et se lit très bien. J'en ressors après avoir passé un bon moment.