"Je la renversai sur le divan et j'arrachai le devant de sa robe. Elle se débattait comme un beau diable. Ses seins jaillirent de la soie claire.
- Lâchez-moi. Vous êtes une brute !
- Non, dis-je. Je suis un homme."
Ça, c'est pour le ton du roman, ça me semble tout à fait représentatif.
Publié en 1946 (et interdit aux Etats-Unis, pays où se déroule l'action), "J'irai cracher sur vos tombes" est un roman coup de poing qui frappe le lecteur avec la violence et la soudaineté d'une balle de revolver (enfin, j'imagine, n'ayant jamais reçu de balle de revolver).
Sud des Etats-Unis, Lee Anderson tient une librairie dans une petite ville où les adolescents sont aussi crétins que leurs copines sont belles, de vraies pin-up. Nouvel arrivant, il se lie facilement avec les jeunes du coin, ne lésinant pas sur les bouteilles de whisky pour se faire accepter. Bien que plus âgé, il séduit par son assurance et son physique. Très vite, il devient la coqueluche des ados. Mais sous ses dehors agréables, Lee cache un secret, celui d'une vengeance contre la société dominatrice, celle des Blancs.
Âmes sensibles s'abstenir !
Sexe, alcool et violence, voilà le programme. Un roman tellement cru et direct qu'on doit faire un véritable effort pour ce rappeler la date et le contexte de sa publication. Vous me direz, est-il plus violent que les six années de guerre qui venaient de s'achever ?
Malgré la dureté des thèmes abordés, j'ai été complètement hypnotisée par le roman et par le style de Boris Vian. Impossible de lâcher ma lecture. Voilà ce que j'aime, une littérature qui dérange, qui me sort de ma zone de confort, qui me heurte même mais qui me réveille aussi.
Un coup au coeur.