"I am no bird; and no net ensnares me: I am a free human being with an independent will."
Le miracle de ce livre, c'est la relation qui se tisse entre Jane Eyre et Edward Rochester. La rencontre improbable de deux êtres qui s'accordent à merveille et que la vie, finalement, met en présence. La finesse psychologique du personnage de Jane, droite et libre, simple et orgueilleuse, tellement hors du commun pour son époque, ne cessera jamais de me surprendre. Et Edward Rochester, lui si ombrageux et dur, fond littéralement devant cette femme sortie de nulle part, dont il n'osait plus rêver. Je pense à cette scène de voyance dont la tendresse et la malice me subjuguent à chaque fois ou à cette séparation déchirante pour laquelle j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps.
Loin des clichés passionnels et des sentiers battus, leur relation se résume à ce seul mot : l'adoration pure. Deux êtres qui, enfin, trouvent la paix et l'unité ensemble. Mais leur lien ne se tisse pas dans la passion telle qu'on l'a vue tant de fois représentée ailleurs ; il s'articule autour de la complicité, d'un profond respect de l'autre, de pirouettes mentales permanentes, de jeux et de taquineries, d'une ouverture d'esprit incroyable et d'un grand amour partagé.
La relation entre Jane et Edward figure parmi les plus belles et les plus complètes qu'il m'ait été donné de lire. La plume de Charlotte Brontë et son anglais si élégant lui rendent parfaitement justice et obligent le lecteur à sortir de ses schémas habituels : les tournures de phrase ne sont pas communes, le vocabulaire est délicieusement désuet et les réflexions sont étonnantes, amenant à envisager toute observation sous un angle nouveau.
Lu et relu, il reste un de mes livres préférés à ce jour, et l'un des plus éclairants.
(Et pour ceux qui ont aimé, "L'affaire Jane Eyre" vaut le détour !)