« Si, comme vous, j'avais eu une armée pour massacrer des peuples […] vous m'appelleriez sire! »
Jean Teulé n'a pas son pareil pour choisir des sujets salés, des personnages hauts en couleur et les éclairer encore plus. De François Villon – qui m'était inconnu – nous restent ses ballades et surtout sa légende. Légende remplie de trous et de zones d'ombre jusqu'à sa disparition, en 1463. Et non, disparition n'est pas un euphémisme cette fois-ci.
L'auteur nous livre son portrait, son interprétation de la vie de Villon et s'il se permet de remplir les zones d'ombres et d'enrober ce qui est connu d'une histoire flottant entre le merveilleusement subversif, le délicieusement salace et le joyeusement sordide, cela colle si bien au personnage.
Si le livre se lit tout seul, c'est grâce aux citations des vers de cet étrange poète et à leur transcription dans notre langue. Transcription heureuse car honnêtement, je n'y comprend rien, à cet archaïque français avec lequel Villon semblait jouer. Quand on lit ses ballades, l'on peut bien croire ce qu'écrit Teulé, et l'on peut bien croire à la manière, aussi.
Véritable « star » de son époque, à trente ans François Villon aura fait le tour de ce que beaucoup d'hommes ne feront fort heureusement jamais dans leur vie. Être absolument libre ou âme perdue, il semble attiré par les mauvaises rencontres et les bas-fonds, incapable de rester lorsqu'on lui offre paix et sérénité. Certains feront son éloge et d'autres le condamneront. L'on adore détester le personnage, et en même temps on n'y parvient pas tout à fait. Car s'il joue avec le sort, le sort s'acharne aussi sur lui.
Sorte de ballade immense de la vie de Villon, le roman de Teulé se lit tout seul et donne envie de découvrir ce premier « poète maudit ».