A deux lieues d'Aubagne, le village des Bastides Blanche abrite un groupe de d’habitants fidèles à leurs traditions et à leur sol, insensibles au progrès et qui se défient des étrangers.
Leurs bases sont perturbées lorsque Jean Cadoret, homme de la ville, s'installe avec ses projets modernes et sa famille. Bossu, audacieux, visionnaire, l'héritier du domaine dérange les plans d'Ugolin qui convoite les champs pour la source qui s'y trouve. Leur quête concurrente de richesse va confronter la naïveté de Jean, à la ruse d'Ugolin et la méchanceté du Papet.
Entre manigances et mystères, retournement de situations et petites victoires, le roman de Marcel Pagnol captive. Les rebondissements sont nombreux ; la chance oscillant sans cesse entre le bossu et le paysan. Cette histoire, qui aurait pu s'arranger dès le début avec un accord entre les deux protagonistes, prend un tournant désastreux à cause du manque d'esprit d'Ugolin et du Papet.
Par ce moyen et bien d'autres, l'auteur fait ressortir la différence entre les milieux urbains et ruraux, et surtout entre leurs peuples. La simplicité d'esprit de la population des Bastides renforce l'intelligence dont fait preuve le nouveau venu. Les deux mondes peinent à se comprendre, ce qui donne lieu à des situations cocasses, à des doutes, à des préjugés.
Toutefois, Pagnol pointe du doigt la difficulté que c’est d’être cultivateur, et l’idée de facilité que s’en fait les citadins.
Marcel Pagnol a créé, dans ce premier tome de L'Eau des collines, une petite merveille. Tout au long de la lecture, on aimerait pouvoir crier à l'injustice de la situation. Mais malgré cette injustice qui s'abat sur le citadin, il est difficile de ne pas rire des dialogues entre les paysans:
Massacan n'est pas là ?
Oh ! non dit Ugolin.
Et où est il ?
Au cimetière.
Et qu'est ce qu'il est allé faire là-bas?
Il est allé faire le mort, dit Ugolin. Depuis 10 ans."
Oui, ce roman est un mélange d'humour, de naïveté, d'injustice, de suspens, de sud, d'audace, d'ignorance et de courage. Que de sentiments que Marcel Pagnol nous offre !