Journal du Voleur ne raconte pas la vie d'un homme. Bien plus, le Journal est un guide dont les mots définissent le cœur de la vie de chacun, le sentiment, puisque Jean Genet dans son adoration de soi, sait bien lui-même que sa misérable expérience ne saurait contenter le testament qu'il veut donner au peuple. Et seul le pouvoir de ses mots est à même de creuser les profondeurs de l'intérêt humain, l'amour et le sexe, le comprendre suffit.
Principe 1 : Je ne vis qu'au travers des amours qui m'occupent
Le Journal efface les dates et les âges, puisque ne reste plus que l'introspection d'un homme qui, en oubliant la structure des jours et des années, des lieux fondus dans le tourbillon des voyages et événements, anime son récit au travers des étapes de sa vie qui, comme chacun devrait le faire malgré son obstination à cadrer le temps par des considération matérielles, sont définies au grés des amours, les lieux de rencontres, les prénoms et les peaux, leurs débuts puis leurs fins.
Principe 2 : Je ne suis que mes actes et mes mots
Jean Genet est un homme qui s'aime, au cœur d'une vie enrobée des mots qui construisent son propre sillage sur cette terre, car la biographie et sa pompeuse vérité ennuient et déforment ce qu'un homme se veut donner en vrai à un public, alors Jean Genet parle démesurément à une première personne à tel point que jamais on ne saura imaginer son physique ou, je ne sais plus qui est l'auteur tant sa face sans description ne m'a été dévoilée, alors ne reste plus que ses actes et ses mots.
Principe 3 : Les reste est superflu
Au cœur de l'intropection et du sentiment, la moelle de ce qui importe uniquement dans cette vie, il faille croire qu'on puisse nul avoir besoin de l'indication du lieu et du temps, à quoi bon l'Espagne et la Belgique, Paris et Barcelone, l'Andalousie et la Pologne, à quoi bon les années 30 et la guerre, 20 ans ou 40, quand suffisent la pauvreté et l'argent, qui même deviennent superflus, le dénument et le voyage, restent à décrire le sexe, l'amour et les souvenirs de l'enfance, temps détruit où l'insouciance est recherchée au rythme de toute une vie d'homme.
J''ai finalement apprécié le Journal en prenant part au culot d'un auteur qui savait pertinemment comment mener sa vie la réduisant à ses intérêts propres. Même le vol, à sa manière de le sacraliser ne semblait définir que l'occupation du larbin à bout de souffle à la recherche intensive d'une activité qui saurait le satisfaire, le temps de revenir à ses amours. Je ne connaîtrais donc jamais l'Espagne.