Je lis avec stupeur l'éblouissement de certain.e.s lecteur.trice.s face à ce premier roman, qui m'a si peu touchée, et semble plutôt très bien accueilli par les autres.
"Je", Sitam, est saisi au vol par "la mort qui le poursuit et qu'il cherche à fuir". Pas encore auteur, mais déjà auto-proclamé écrivain, il vient de la banlieue et cherche tant son rythme qu'une langue et aussi un interlocuteur- il le comprendra plus tard. "Je" a un tel égo qu'il en mange son amoureuse, son meilleur ami, ses interlocuteurs, pourtant tous "littéraires" (de la belle môme au musicien clochard, en passant par le fantasque ouvrier expatrié, qui imprime aveuglément et joue sur les mots).
Il y a du cri, dans ce livre, dans sa structure, dans la façon désarticulée de narrer les évènements. Et peut-être est-ce le problème, en littérature, je déteste le bruit gratuit, les "je" qui n'ont rien à ajouter, qu'une sorte de constat désabusé de la violence du monde/leur sentiment de pas être au monde/ leur génie incompris... rayez la mention inutile. Un cri qui efface toute possibilité d'écouter subtilement, un cri qui efface toute autre voix dans le roman que celle de ce personnage insipide et son parcours vers la publication de son premier manuscrit.
La violence ressentie, la sienne propre et celle du monde (de l'hôpital, très intéressant), sont à mon sens les seuls éléments sincères de ce roman, que j'ai trouvé très convenu (du déracinement, aux retrouvailles du meilleur ami, en passant par la rupture avec la langue et le pays, la panne d'inspiration, la redécouverte des mots par un mentor... et bien sûr, les péripéties insurmontables, les ruptures, le retour au pays, transformé, grandi, avec un grand final de retrouvailles). Pour le reste, la vanité du personnage principal m'a très rapidement insupporté, transformant vite l'émotion première en un vague bruit de scie, usant, très usant, à force.
Jusqu'ici, je cherche en vain la fameuse musique, l'oralité censée rappeler Céline, la splendeur rimbaldienne des errances en ville, quelque chose de sublime que d'autres ont trouvé. Peut-être le propos m'a-ils rendue un peu sourde, peut-être ais-je lu ce roman au mauvais moment, peut-être suis-je passée à côté... je n'ai lu qu'un sollioque, pas spécialement bouleversant, ni même subversif, d'un énième personnage de génie auto-proclamé, en pleine crise existentielle. Tant pis pour moi !