K.O.
6.6
K.O.

livre de Hector Mathis (2018)

Je lis avec stupeur l'éblouissement de certain.e.s lecteur.trice.s face à ce premier roman, qui m'a si peu touchée, et semble plutôt très bien accueilli par les autres.


"Je", Sitam, est saisi au vol par "la mort qui le poursuit et qu'il cherche à fuir". Pas encore auteur, mais déjà auto-proclamé écrivain, il vient de la banlieue et cherche tant son rythme qu'une langue et aussi un interlocuteur- il le comprendra plus tard. "Je" a un tel égo qu'il en mange son amoureuse, son meilleur ami, ses interlocuteurs, pourtant tous "littéraires" (de la belle môme au musicien clochard, en passant par le fantasque ouvrier expatrié, qui imprime aveuglément et joue sur les mots).
Il y a du cri, dans ce livre, dans sa structure, dans la façon désarticulée de narrer les évènements. Et peut-être est-ce le problème, en littérature, je déteste le bruit gratuit, les "je" qui n'ont rien à ajouter, qu'une sorte de constat désabusé de la violence du monde/leur sentiment de pas être au monde/ leur génie incompris... rayez la mention inutile. Un cri qui efface toute possibilité d'écouter subtilement, un cri qui efface toute autre voix dans le roman que celle de ce personnage insipide et son parcours vers la publication de son premier manuscrit.


La violence ressentie, la sienne propre et celle du monde (de l'hôpital, très intéressant), sont à mon sens les seuls éléments sincères de ce roman, que j'ai trouvé très convenu (du déracinement, aux retrouvailles du meilleur ami, en passant par la rupture avec la langue et le pays, la panne d'inspiration, la redécouverte des mots par un mentor... et bien sûr, les péripéties insurmontables, les ruptures, le retour au pays, transformé, grandi, avec un grand final de retrouvailles). Pour le reste, la vanité du personnage principal m'a très rapidement insupporté, transformant vite l'émotion première en un vague bruit de scie, usant, très usant, à force.


Jusqu'ici, je cherche en vain la fameuse musique, l'oralité censée rappeler Céline, la splendeur rimbaldienne des errances en ville, quelque chose de sublime que d'autres ont trouvé. Peut-être le propos m'a-ils rendue un peu sourde, peut-être ais-je lu ce roman au mauvais moment, peut-être suis-je passée à côté... je n'ai lu qu'un sollioque, pas spécialement bouleversant, ni même subversif, d'un énième personnage de génie auto-proclamé, en pleine crise existentielle. Tant pis pour moi !

Minuitetdemi
2
Écrit par

Créée

le 15 sept. 2018

Critique lue 253 fois

2 j'aime

2 commentaires

Minuitetdemi

Écrit par

Critique lue 253 fois

2
2

D'autres avis sur K.O.

K.O.
Minuitetdemi
2

Critique de K.O. par Minuitetdemi

Je lis avec stupeur l'éblouissement de certain.e.s lecteur.trice.s face à ce premier roman, qui m'a si peu touchée, et semble plutôt très bien accueilli par les autres. "Je", Sitam, est saisi au vol...

le 15 sept. 2018

2 j'aime

2

K.O.
Lettres-it-be
9

"K.O." de Hector Mathis : voyage tout au bout de la nuit

Avec Made in Trenton de Tadzio Koelb, la maison d’édition Buchet-Chastel propose un autre roman surprenant pour cette rentrée littéraire de septembre 2018. K.O., c’est le titre du tout premier livre...

le 19 août 2018

1 j'aime

1

K.O.
HUBRIS-LIBRIS
8

Une partition pour détraqués.

Paris. Le chaos règne dans la capitale. Des cris. Le feu. L’horreur à la porte de chacun. L’ignoble dans les yeux de tous. Le monde est devenu flammes. Perdition. La télévision crache les...

le 16 août 2018

1 j'aime

Du même critique

Les Parents terribles
Minuitetdemi
6

Critique de Les Parents terribles par Minuitetdemi

Il y a quelque chose de fascinant dans l’univers de cette pièce, peut-être parce qu’il est très désuet, et marginal, mais dont on ne peut pas totalement se sentir exclus, tant les problématiques sont...

le 1 mai 2013

8 j'aime

La sixième
Minuitetdemi
1

Critique de La sixième par Minuitetdemi

Ca, c'est le souvenir d'une torture profonde de mes douze ans. C'était le pire livre, le plus plat, le plus vide, le plus crétin que j'ai eu le souvenir de lire, et pourtant, je ne pense pas avoir...

le 27 mars 2013

6 j'aime

1

Histoire de ma sexualité
Minuitetdemi
8

Comme fredonner une chanson d'Indochine.

"Il dessinait sans cesse des carrés, des cercles, des triangles; elle trouvait qu tout cela manquait un peu de coeur" C'est encore un drôle d'ovni, ce "roman" d'Arthur Dreyfus, que j'ai aimé,...

le 6 juin 2014

4 j'aime

1