Je ne vais pas en faire un résumé ni une analyse, il y en a déjà des milliers, et comme à chaque lecture et pour tout le monde, il y a des styles et des choses qui touchent, d'autres moins, qui parlent, d'autres moins, qu'on aime, d'autres moins. Je vais donc parler de ce que m'a fait ce bouquin, de mon expérience personnelle, de mon voyage intérieur à sa lecture, car c'est ça qui prend le dessus et surtout de la place présentement.
Je suis pour l'instant en plein dans le mouvement et le changement intérieurs qui s'opèrent post-lecture. Il va me falloir du temps pour digérer et filtrer tout ce que j'ai reçu de ce bouquin, dense, riche, profond.
En le fermant, je me sens mieux et travaillée.
Mieux car Virginie Despentes, avec King Kong Théorie, met un coup de pied dans la fourmilière, ouvre et présente des sujets qu'on tait beaucoup trop par rapport à la grande place qu'ils ont. Mieux aussi parce qu'un gros "foutez-nous la paix" fait du bien à entendre, et qui libère un peu plus les chaînes enroulées autour d'une féminité et une condition féminine construite de toutes pièces par la politique et la société qui lui est associée. Ce cri, ce doigt d'honneur fait du bien tant ils sont ceux que j'ai très souvent envie de faire, et que je fais trop peu de fois. Elle le fait pour nous tous, hommes et femmes, et pour notre bien, j'y crois vraiment.
Travaillée car elle dit des choses qui dérangent, des choses qui forcent à se pencher dessus, à revoir nos positions, et enfin, à bouger. Bouger sur les idées reçues et les idées construites sur le viol, la prostitution, la pornographie, pour quelqu'un comme moi qui n'a vécu directement aucun des trois. Bouger sur ma vision et ma définition de la féminité, de MA féminité, et ainsi faire bouger mon identité, mon identité de femme. Oui, rien que cela, et rien d'évident donc. C'est tout mon système de valeurs, de croyances qui se retrouvent ainsi ébranlé, et qu'il va falloir ranger.
J'accueille ces états à bras ouverts, rares sont les bouquins qui m'auront tant fait bougée et il n'y a pas d'ébranlement qui ne fasse grandir.
À lire, à lire attentivement, en prenant du recul, à lire intelligemment en tenant à distance l'émotionnel, pour en tirer toute la profondeur et la teneur.