Sayaka Murata, qui a commencé à publier en 2003, a connu un énorme succès au Japon avec Konbini. L'histoire d'une femme de 36 ans, Keiko, sans attaches sentimentales, toujours vierge, et conditionnée à son travail à temps partiel dans une supérette (Konbini), ouverte 24 heures sur 24. Un mode de vie qu'elle a choisi par défaut, incapable de s'investir ailleurs et limitant autant que faire se peut sa vie sociale. Une existence routinière et quelque peu robotisée ("Bienvenue dans notre magasin !" est son mantra) qui la fait paraître suspecte dans son entourage d'autant qu'on ne lui connait aucune vie privée. Keiko, la narratrice de ce court roman raconte son quotidien dans un style neutre, sans affectation, qui rappelle d'autres romans contemporains japonais. Il y a un côté absurde dans le livre, avec un humour très particulier, alors que, dans un sens, ce qui est décrit est assez terrifiant et rejoint ce que l'on sait de la société nippone avec sa pression constante sur la nécessité de répondre à une certaine normalité et l'ostracisme dont souffrent ceux qui entendent mener une vie différente. Konbini est assez minimaliste et manque certainement d'ampleur narrative mais reste cependant d'une lecture agréable bien que parfois déconcertante. Le plus étonnant est le fait que l'auteure, dixit sa biographie, continue dans la vie réelle à travailler à temps partiel dans un Konbini. Jusqu'où va le récit autobiographique ? Seule Sayaka Murata connait la réponse.