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Dans ce polar sauce West Coast de James Ellroy, véritable monument de la littérature policière, l'auteur du Dahlia Noir nous entraîne dans les méandres trashs et lubriques du Los Angeles des années 50. « Bud » White un flic violent hanté par l'assassinat de sa mère, Jack la Poubelle ancienne gloire des stups passablement corrompu et drogué aux paillettes presque autant qu'à tout le reste, ainsi qu'Ed Exley ambitieux jeune premier, fils du légendaire détective Preston Exley _ reconverti dans le BTP et les parcs d'attractions king size _ tenteront d’élucider le très médiatique crime dit du « Hibou de Nuit ». Enquête qui servira, presque tout au long de la décennie, de trame à une fresque typiquement hollywoodienne dans laquelle viennent se mêler pornographie, prostitution, drogue, meurtres et crime organisé, sur font de racisme anti-noir, de communautarisme exacerbé, et de petites magouilles politico/éléctorales. Bref Ellroy nous dépeint un Los-Angeles Hollywoodien remplit de flics badass, de producteurs véreux, tout cela en collision permanente avec le milieu qu'il soit politique ou criminel (les fameuses « grosses légumes »).


La lecture en est assez pénible disons le. Le style sciemment hachuré, l’amoncellement d'actions, de faits, de détails, de personnages, de patronymes, de noms de rues, de quartiers, de gestes, ect, relève plus d'une sorte de scénario de film que de la littérature à proprement parler. Ce n'est d'ailleurs pas étonnant que ce livre ait fait l'objet d'une adaptation cinématographique tant la forme s'y prête particulièrement.
C'est même à se demander si J.Ellroy n'aurait pas expérimenté une façon de faire de la « littérature pour le cinéma », comme s'il avait pensé son histoire directement sur deux supports, avec sans doute un certain talent commercial.


Pour ce qui est de l'histoire, de l'enquête en fait puisque l'on parle d'un polar, elle est bien ficelée, et nous entraîne dans un Los Angeles sans doute assez fantasmé, tout en étant relativement proche de la réalité _ ou de l'idée Hollywoodienne de la réalité. En tout cas rien ne manque, du mafieux juif jusqu'au flic Irlandais en passant par la belle victime mexicaine, le procureur aux dents qui raillent le plancher, et bien-sûr les acteurs gays fantasques, le rital bien monté et les noirs boucs-émissaires, avec ce qu'il faut de violence, de sexe, et de drogue pour faire de l'audimat...


Pourtant on ne saurait nier que L.A Confidential paru en 1990 a vieilli. 28 ans ont passé et on ne peut pas à l'heure des sites pour adultes en libre accès se sentir aujourd'hui particulièrement stimulé par le trafic de revue pornographique, ni par des flics violents qui balancent du « nègre », « juifs », « radasse », « pute », « pédé » à longueur de temps en tabassant à tour de bras.


Il est évident que même dans les années 90 J.Ellroy devait en être conscient, mais aujourd'hui le côté nostalgique fifties sent un peu le réchauffé.


Au final que nous donne à voir l'auteur dans ce roman ? Une ville corrompue jusqu'à la moelle de haut en bas ? Le règne du sexe, du fric et l'hypocrisie généralisée des autorités ? Des héros qui n'en sont pas, mais qui sont au mieux des camés avec plus de cadavres dans le placard que les malades qu'ils pourchassent?
Mais est-ce la réalité, est-ce seulement crédible ? Peut-être pouvons nous nous poser la question aujourd'hui de savoir ce que nous montre véritablement J.Ellroy. Los angeles est-elle, ou était-elle, une ville essentiellement peuplée d'abominables personnes ultra violentes, menteuses, meurtrières, et corrompues jusqu'à la moelle ? On comprend bien la volonté de ne pas tomber dans le manichéisme, seulement J.Ellroy semble tomber dans cette facilité naïve (très américaine, et chrétienne finalement dans sa dimension puritaine mal dégrossie) qui voudrait que la laideur se rapproche d'avantage de la nature humaine que la beauté, que le mal soit plus réaliste que le bon.


Au fond, et c'est mon interprétation, je crois que la vision d'Ellroy est très religieuse. Ce qu'il nous donne à voir dans ce L.A Confidential, c'est le spectacle caricatural d'une ville pécheresse en perdition, peuplée de pécheurs, où tout le monde est condamnables par essence, fondamentalement (originellement dirons nous). Et tandis que certains se vautrent dans toujours plus de luxure, de brutalité, de cupidité, d'autres recherchent parfois la rédemption.
Ce parti pris littéraire très puissant est efficace, mais ne doit pas nous aveugler quant à une vision finalement assez conservatrice de la société américaine.


Finalement le message plus ou moins affirmé de L.A Confidential n'est qu'une variation sur le thème sempiternel du « ils sont tous pourris à la grande ville ».


Ce qui ne signifie pas qu'il ne faut pas lire L.A Confidential. Son esthétique quasi tarentinienne,ses personnages hauts en couleurs, nous font rentrer sans ménagement dans le grand mythe Hollywoodien qui fait de L.A une allégorie de l'Amérique toute entière, où les faux-semblants, les mensonges, le maquillage, et la chirurgie esthétique deviennent la seule réalité possible et supportable.

Alex_rainbow
6
Écrit par

Créée

le 28 févr. 2019

Critique lue 434 fois

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