Il est parfois difficile de raconter un événement dont on a été partie prenante. À mon avis,
Robert Badinter réussit pleinement ce défi, en alliant objectivité, clarté et pédagogie.
Le récit, du lendemain de l’exécution de Bontems au vote de l’abolition de la peine de mort, est facile à suivre, et raconté dans une langue à la fois simple et précise, qui parvient à restituer l’atmosphère entourant les procès, les campagnes électorales dont il est question, mais sans abuser des tours de force rhétoriques souvent chers aux avocats.
Bien qu’il soit un défenseur passionné de l’abolition, il montre néanmoins un vrai respect envers les partisans de la peine de mort.
Enfin, alors que nous avons l’habitude de faire de Robert Badinter la figure emblématique du combat pour l’abolition, celui-ci se refuse de se mettre en avant et montre d’une réelle humilité, en montrant, sur le plan judiciaire l’importance de l’action de ses collaborateurs et confrères avocats, et sur le plan politique, le combat mené par des parlementaires abolitionnistes, parmi lesquels Philippe Séguin. Ses premiers pas au ministère de la Justice, la description du premier conseil des ministres montrent même une candeur assez amusante.
En ouvrant ce livre, je me demandais si j’allais lire le livre d’un militant. Badinter a fait plus que cela : un document pour l’histoire.