Variation(s) au grés d'une bruine italienne.
Chef d’œuvre de jeunesse, « L’Adieu aux armes » est une petite pépite de cynisme, de bonheur et de réalisme tranquilles. La visite extensive des campagnes italiennes et l’humeur grise d’une population en pleine guerre enserrent le récit avec une facilité déconcertante. Le génie de la description qu’était Hemingway prend d’ores et déjà ici ces marques, bien avant « Pour qui sonne le glas ».
Ce roman nous met dans les bottes d’un infirmier américain sur le front italien de 14-18. Pourquoi est-il là ? Il ne le sait pas. Il est là, et s’applique à sa tâche d’infirmier, voilà tout. Il va tomber amoureux. Simplement, mais définitivement. De là, sa vie s’écoule et il la suit, à rebours souvent, de son propre chef parfois. L’histoire commune d’un type ordinaire dans une époque extraordinaire.
Déjà le style d’Hemingway est un délice de musicalité, de rythme brisé, de flirte avec les convenances d’une littérature qu’il va révolutionner par son art consommé de la rupture stylistique.
Et puis il y a ces rares moments où l’auteur distille sa vision d’une guerre qu’il a lui aussi passé sur le front italien. L’économie du mot comme scalpel de la pensée. Instants géniaux.
On ne souvient pas de Frédéric Henry, le personnage principal, ni de Catherine, ni de Rinaldi. En revanche, l’image des saisons passant sur les terres d’Italie et de Suisse de 1914 à 1918 collera longtemps à votre esprit une fois la couverture refermée.