Le style fait le romancier, au moins autant que les péripéties des histoires qu'il déroule. Si le premier est défaillant ou déplaisant, que reste t-il des secondes ? Peu de choses. L'écriture de Dimitri Bortnikov dans L'agneau des neiges ne mérite aucun des deux qualificatifs précités mais elle est, disons, particulière et surprenante, surtout que ce qu'il conte est une tragédie ou encore une sorte de requiem. Les points d'exclamation pullulent, les ah, oui, prolifèrent et les onomatopées abondent, donnant parfois au récit des allures de bande dessinée (ressenti personnel). Cela fonctionne plutôt bien dans les (rares) moments d'insouciance mais comme l'ambiance est généralement sombre ... Le livre a quasiment fait l'unanimité et c'est compréhensible, malgré sa dureté, et il est dommage d'avoir à confesser son manque d'enthousiasme, mais c'est comme cela. Un jugement plus que mitigé, renforcé par les impressions d'une dernière partie atroce, qui se situe pendant le très long siège de Leningrad et où l'auteur décrit avec beaucoup trop de détails (non pas complaisants, mais) des agonies successives. C'est assez insoutenable, à vrai dire, avec une sorte de répétition dans l'horreur. Certes, la littérature n'est pas que fleurs et torrents de rire mais là, on touche le fond de la noirceur et on a le droit, n'est-ce pas, de préférer des descriptions moins morbides et plus pudiques.