Parfois je me dis de Marguerite Duras que, quand on en a lu un livre, on les a tous lus. Ou est-ce du Nouveau Roman ?
Je ne saurais le dire exactement, mais il y a dans ce style "déstructuré", comme on nous l'apprend complaisement, une forme presque litanique de monotonie. Les souvenirs, les événements, tout se succède dans un calme passif ; on observe la vie contée sans plus s'y mêler, sans plus s'en soucier. Les sentiments se sont affadis avec le temps, dirait-on, et il ne reste que les faits.
Bon, en toute honnêteté, c'est très précisément ce qui me pourrait me plaire dans l'oeuvre de Duras. Cet effet d'intemporalité, conféré par ce recul détaché, aurait tendance à m'apaiser s'il n'était dédit par le monotone qui en découle ici. Alors, à la place, on lit simplement comme on respire, avec évidence, avec confort. Sans doute le fait que j'aie trop récemment lu d'autres livres du même auteur accentue-t-il cette impression - je garde un meilleur souvenir de la Douleur, lu il y a deux mois - mais le fait reste là, j'ai surtout terminé l'Amant parce que je n'avais rien d'autre à faire.
Ma note pour l'Amant, c'est donc un six de confort. Douze sur vingt. Trois fois quatre. Un nombre que j'ai toujours aimé - et puis c'est la moyenne requise pour être "acceptable", et l'Amant n'est à mes yeux rien d'autre qu'acceptable.