L'amour dure trois ans par Nienawisc
Cher Frédéric,
Je n'ai eu de cesse de te critiquer jusqu'ici. Parfois, j'avoue, sans avoir lu tes livres. Tes seules apparitions télévisées me donnaient la nausée. J'ai été particulièrement amusé par ta mésaventure incluant un capot de voiture et de la coke. Traumatisé comme un enfant jeté au coin, tu as trouvé dans cet horrible périple en garde à vue l'inspiration nécessaire à un nouveau livre. Soyons concis ; ton attitude seule me donne envie de fuir ta production littéraire.
Fatigué d'avoir si peu d'arguments contre tes "fans", j'ai entrepris la lecture de plusieurs de tes oeuvres. "Connais ton ennemi." comme disait l'autre.
L'égoïste romantique, d'abord. Tu y enchaines futilités sur futilités cousues de citations volées de-ci de-là. En postillonnant quelques vulgarités sur le dessus de tout cela, tu signes un énième éventail de papier. Il cale admirablement bien mon réfrigérateur, tout en épongeant l'eau qui fuit du lave-vaisselle. On ne peut pourtant te nier un talent certain, que tu sembles gaspiller avec beaucoup de plaisir.
Avec L'amour dure trois ans, j'ai découvert une autre facette de ton talent littéraire : l'étonnante platitude que tu peux déployer en quelques pages. Ton personnage ( toi ?) sort, boit, se drogue, rêve de baiser avec une femme, puis une autre femme, se morfond sur son sort, sort, boit, cite des marques, baise avec une autre femme, ad vitam. Un désert d'idées dans un désert de style, comme une notice explicative. Attention Frédéric, trop de désinvolture fait passer pour un con.
Pire, tu enchaînes les "mots d'esprit" préfabriqués dans une sorte de branlette littéraire qui te plaît sûrement beaucoup à l'écriture et à la relecture ; comprends que tout le monde n'apprécie pas ça.
Les clichés abondent, et, une fois de plus, putain de bordel de merde c'est vulgaire, chié. Mais pourquoi jouer comme ça ? A trop vouloir te détacher, a trop jouer de ce faux je-m'en-foutisme qui te plaît tant, tu donnes l'image d'un écrivaillon qui cultive plus son image que son verbe.
A mes yeux, tu es un jet-setteur et non un écrivain ; je crains que ton problème ne soit un profond égocentrisme. Ton nombrilisme gâte ton talent. Essaye plus fort, tu peux faire quelque chose de vraiment mieux.
Avec plus ou moins de sympathie,
S.