Ce livre a été pour moi une grande gifle. L’auteur se met en scène dans le roman. Il raconte comment une lectrice l’a contacté, touchée par un de ses livres. Ils se rencontrent deux fois, échangent des mails, des textos. À la faveur de ces échanges, Bénédicte Ombredanne, c’est son nom, va se révéler un peu et surtout confier à l’écrivain l’enfer qu’elle vit au quotidien avec son mari. Celui-ci n’a de cesse de la rabaisser, de l’humilier, de la fliquer, de la harceler. Pour y échapper elle s’offre une après-midi de bonheur avec un inconnu rencontré sur internet, un homme qui vit à la lisière de la forêt. Mais alors qu’une opportunité incroyable s’offre à elle de pouvoir échapper à son bourreau, elle choisit de rester, sa révolte restant celle d’une après-midi. L’écriture est magnifique, d’une délicatesse infinie. La scène de la rencontre avec l’inconnu et en particulier du tir à l’arc est sublime. J’en ai ressenti des frissons comme si c’était sur ma nuque que Christian chuchotait. Et en même temps j’avais des noeuds dans le ventre qui se serraient de plus en plus. Car comme Bénédicte j’avais conscience de ce qui allait arriver ensuite, de la punition à laquelle elle ne pourrait échapper. Et la scène d’amour magnifique avec l’amant d’un jour laisse la place à la violence inouïe de la pression physique et psychologique du mari. Ce livre est très fort, très dur et sublime à la fois. Je suis néanmoins obligée d’évoquer la polémique à laquelle l’auteur dût faire face à sa sortie, une femme l’ayant accusé de s’être servi de son histoire et de ses confidences pour écrire son roman. Jusqu’où peut aller la liberté d’un écrivain ? Vaste question.