Bartimeus, mon amour...
Je suis ce qu'on peut appeler un fan inconditionnel de cette trilogie, donc que crains que mon objectivité ne s'en aille danser la java dans le monde démoniaque. Mes excuses, ami lecteur.
Car Bartimeus, c'est un peu une histoire de démons, et de magiciens. Une dystopie fantasy des plus originales. Nous sommes en Angleterre, mais tout a évolué différemment de chez nous. Les magiciens dirigent, en asservissant des démons et la plèbe obéit. Il s'agit donc d'une dystopie basée sur le postulat d'un monde semblable au notre dans les grandes lignes, mais magique. Et des répercutions que cet état provoque.
Sur ce postulat de base, Jonathan Stroud appose tout une réflexion sur les relations ambigües qu'entretient le monde des magiciens avec le pouvoir. En effet, on a comme thème récurrent la chute des différents empires que des magiciens dirigèrent.
Ainsi se dessine le schéma suivant: les magiciens sont peu nombreux. Les magiciens accèdent au pouvoir. Les magiciens dominent, puis une rébellion se met en place. Les magiciens meurent de manière plus ou moins glauque. La plèbe domine. Et on repart pour un tour.
Mais que sont ces magiciens tout d'abord? Et bien, simplement des hommes qui ont appris à dominer les démons grâce à une bonne maîtrise du latin, du grec, des runes et beaucoup de chance. Le tout maquillé d'un fatras de cérémonial pour faire croire à la plèbe qu'ils sont investis d'un pouvoir surhumain. Les démons sont en effet partout, incarnés dans des orbes de surveillance, bâtons de pouvoir et autres ustensiles de domination policière.
" War, alwais war. "
Le problème, c'est que les démons ne sont pas d'accord. Ainsi, se dessine un triple conflit et les relations complexes qui en découlent: plèbe vs magiciens vs démons vs tous le monde.
Ca c'est pour l'histoire. Parlons maintenant des personnages, en spoilant au minimum. Deux points de vue, sinon trois plus tard. Nathaniel, l'apprenti-magicien, plein de morgue et d'assurance mais tout fragile au fond. Personnage pas si intéressant que ça, vu et revu. Et puis Bartiméus. Djinn, démon au passé lourd de prestance, il a servi sous pratiquement tous les régimes intéressants, rois, monarques, et a connu de fait la chute desdits régimes. Et lui, c'est le coeur du récit. Son cœur et sa dynamique. En effet, les parties intitulées "Bartimeus" sont lues à la première personne: c'est Bartiméus qui nous raconte, et annote de détails et d'éclaircissement pétillants parce que "vous n'êtes que des humains, vous allez pas comprendre sinon".
IL nous décrit tout un univers sous un jour rocambolesque, drôle, décalé. Obligé d'obéir à ses différents maîtres qui se servent des démons (quoique démon n'est pas le bon terme, mais lisez pour savoir...) comme esclaves, son humour cinglant de cynisme vient à bout de nos dernières hésitations sur la note à attribuer à cet ouvrage d'exception.
L'histoire est riche. Non, milliardaire en rebondissements, au point que parfois, on ne sait plus trop ce qui vas nous tomber dessus. Et pourtant, pourtant on rit toujours autant (et rire devant un livre, rire vraiment à gorge déployée, dieu que c'est rare). Riche d'un univers exploité dans toutes ses petites incongruités.
Un livre extraordinaire donc, à la narration envolée, aux personnages vraiment charismatiques, touchants (hormis ce péquin de Nathaniel), à l'univers magnifique. Et surtout un livre drôle, accessible à tout un chacun, du collège aux pissenlits.
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