Le plaisir du lecteur est à proportion du travail et du talent de l’auteur. Il fut immense, ma mémoi
“Paix l’impatient, paix le bavard ! Avant toute chose je n'accepterai pas de parler à jeun. Qu’on somme notre ami de présenter ses propositions. Et vite.”
Dans la série des enquêtes de Nicolas Le Floch, commissaire au Châtelet, Jean-François Parot nous offre un petit bijou, de seulement 470 pages. Roman policier et roman historique, surement ; roman d’aventures, surtout.
L’écrivain nous transporte en 1783 par la grâce d’une magnifique langue musicale. Ronde et distinguée à la cour, directe et sans atours dans les faubourgs, le français est l’harmonie de l’ouvrage et il n’est pas étonnant qu’en le portant à l’écran, on en eût conservé ce ciment.
1783, l’aide aux insurgés américains a vidé les caisses du Trésor ; l’impôt rentre difficilement ; la colère gronde alors qu’en Islande jailli le feu du Lakagigar. Couvrant la France d’une poussière mortifère, masquant le soleil, ce cataclysme déboussole une population. Plus tard, on lui trouva une nouvelle dénomination : le "volcan de la Révolution"
"Nous sommes tenu comme dans un piège par le recours obligé à l’emprunt. Nous devons restaurer la confiance intérieure, fût-ce sur des rumeurs, pour convaincre l’extérieur, et nos créanciers. Le déficit nous l’impose, l’exige même. Que le taux d’intérêt monte et nous ne pourrions y suffire."
De l’histoire je ne conterai que le début quand le commissaire Le Floch est convoqué par la Reine. Il lui sera demandé d’enquêter, sans en référer au Roi, sur un décès qui s’avérera un assassinat. Voilà le cavalier de Compiègne dans une bien inconfortable position. Il ne peut trahir la Reine et ne saurait mentir au Roi. Une enquête criminelle se passerait bien d’une telle pression des monarques dans un Versailles tout bruissant de rumeurs et fourmillant de va-y-dire.
Sur fond de libelles assassins produits par la perfide Albion, de manipulation des taux de change et du cours de l’or, de spéculation immobilière avec l’active participation des ordres réguliers, Nicolas Le Floch, armé de son intuition et accompagné de ses habituels compagnons, aura bien du mal à manœuvrer entre grande politique et basse police.
Et que dire des déplacements professionnels que chacun s’accordent à trouver fatiguant. S’enchaînent, jusques à l’épuisement, une poursuite de Paris à Nantes en seulement huit jours et une mission éclair de deux jours à Londres, soit un rapide aller-retour de 10 jours ; Saluons le TGV du XVIIIème : le réseau de relais de poste.
Une opinion ?
Ma foi, si par hasard, je ne l’avais pas déjà dit. Il s’agit ici d’un extraordinaire livre digne des volumes antérieurs. Le plaisir du lecteur est à proportion du travail et du talent de l’auteur. Il fut immense, ma mémoire en tressaille encore.
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