On ne présente plus L'Appel de la forêt de Jack London car c'est un classique de la littérature américaine et un jalon scolaire quasi obligatoire en France. Ou du moins ce le fut dans les années 90-2000 pour les enfants au collège. Il fait partie d'une sorte de dytique non officiel avec Croc-Blanc paru trois années plus tard. En ce qui me concerne, je souhaitais réviser mes classiques justement et me replonger dans cette œuvre fascinante qui trainait nonchalamment dans ma bibliothèque. Mais si ! Vous savez ! La fameuse édition Folio Junior que l’on a tous acheté car elle faisait partie de la liste des fournitures requises à la rentrée en 6ème B ! Déjà, j'avais complètement oublié que l'auteur adoptait le point de vue d'un chien pour raconter son histoire, Buck pour le nommer. Ce n'est pas quelque chose de courant et j'imagine assez complexe à faire. Toutes les actions, les évènements sont perçus du point de vue de ce chien et cela renforce l’immersion et l’attachement que l’on a pour ce cher Buck. Ensuite, on se rend très vite compte qu’il s’agit d’un roman « jeunesse » daté du début du XXème siècle. Pourquoi ? A l’époque on ne percevait pas, on ne sanctifiait pas les enfants comme aujourd’hui. Ils n’étaient pas surprotégés et plus facilement confronté à la cruauté et aux dangers de la vie. L’Appel de la forêt, à certains égards, est un texte parfois âpre qui met en scène la nature dans tout ce qu’elle a de sauvage et de féroce. Buck doit lutter farouchement pour se faire une place parmi les humains mais aussi parmi les autres chiens et cela au péril de sa vie : tuer ou être tué. Buck est un chien enlevé à son maître pour être envoyé en Alaska afin de devenir chien de traineau pour les chercheurs d’or. L’histoire prend place à la fin du XIXème siècle, début du XXème siècle et s’avère en partie autobiographique car Jack London a connu la rudesse du monde de l’attelage, du grand froid et de l’immensité de la nature. Il s’agit en somme de l’histoire d’un chien qui passe de la domestication ennuyeuse et confortable au danger, mais aussi à l’irrésistible vitalité de l’état sauvage. Pour ma part, j’ai trouvé la fin époustouflante. La capacité de l’auteur à décrire l’indescriptible est saisissante : la force de la nature, l’instinct sauvage gagnant du terrain sur l’esprit de Buck, la beauté de la nature dans un rapport quasi charnel avec le vivant, la dichotomie subtile entre le retour à une vie paisible auprès d’un maître et l’envie de redevenir un maillon de la chaîne alimentaire, la tension ténue tout au long du texte entre la vie et la mort… C’est très fort. Très très fort.
L’Appel de la forêt est un livre que je qualifierai de puissant, de saisissant. Les descriptions de la nature tout comme certaines péripéties vécues par Buck vous remuent les tripes. Il se dégage une force incroyable de cet ouvrage et je crois que c’est peut-être le plus beau compliment possible quand on s’adresse à un roman dont la thématique centrale est le retour à la Nature. Je recommande.