Retour en force du charme des débuts de la saga...
Le dernier Fred Vargas, paru la semaine dernière, nous emmène encore un peu plus loin dans l'univers envoûtant du commissaire Adamsberg, dans une enquête où, cette fois, la magie devient presque à prendre au pied de la lettre, puisqu'un des livres-source utilisés par l'auteur est le fameux "Fantômes et revenants au Moyen-Âge" de Claude Lecouteux, et son âpre recollection de la légende de la Mesnie Hellequin, "une troupe d'esprits fantastiques, qui, montés sur des chevaux rapides, accompagnés de chiens bruyants, sont condamnés en punition de leurs péchés à chevaucher ainsi jusqu'à la fin du monde"...
Bien entendu, l'enquête triera entre fantastique et prosaïque, à cette manière doucement rêveuse toujours plus affirmée, par une équipe que le commissaire lui-même décrit ainsi - peut-être pour la première fois avec une telle acuité :
"Parmi mes hommes, capitaine, il y a un hypersomniaque qui s'écroule sans crier gare, un zoologue spécialiste des poissons, de rivière surtout, une boulimique qui disparaît pour faire ses provisions, un vieux héron versé dans les contes et légendes, un monstre de savoir collé au vin blanc, et le tout à l'avenant. Ils ne peuvent pas se permettre d'être très formalistes."
Signe des temps peut-être, l'équipe d'Adamsberg sera confrontée comme au passage aux machinations de riches héritiers industriels, qu'il s'agira de manier avec de puissantes pincettes...
"Danglard leva les yeux vers le plafond jaune et décida de se maintenir fixement dans cette position. Il avait aperçu le regard d'Adamsberg et vu l'éclat précis dans ses prunelles. Éclat qui portait à longue distance et auquel il essayait d'échapper. Éclat rare qui n'apparaissait chez les commissaire qu'en état de colère, d'intérêt puissant, ou d'irruption d'idée."
Vargas à son meilleur, poursuivant la quête de l'âme de ses personnages faussement détachés, et retrouvant beaucoup du charme éclectique de ses débuts, "Ceux qui vont mourir te saluent" ou "Debout les morts".