Cela faisait des années que je n’avais pas ouvert un livre de fantasy, et j’ai retrouvé à travers cette célèbre saga de Robin Hobb la dévoreuse de livres que j’étais enfant. La fantasy a ce pouvoir d’être tellement déconnectée de toute réalité qu’elle est le meilleur moyen d’oublier tous ses problèmes et angoisses quotidiennes et de s’absorber corps et âme dans une lecture. Pour celui ou celle qui n’aurait jamais goûté à ce genre, je pense que c’est la parfaite porte d’entrée, et je comprends la grande renommée de Robin Hobb qui a fascinée toute ma génération.
A 26 ans, j’avais peur que l’écriture soit un peu trop facile, et j’ai été ravie de m’être trompée. C’est très accessible à un lecteur adulte et aguerri, la lecture est fluide et aisée et le vocabulaire riche et précis. Robin Hobb prend son temps, sans longueur, et en réussissant le tour de force de nous captiver sans beaucoup d’action, à coups de petits rebondissements dont on suit les conséquences et le chemin à travers le développement psychologique du personnage principal, Fitz.Il y a une double narration permettant de rythmer le récit : en italique, des écrits rédigés par Fitz après avoir survécu à toutes ses aventures, qui résument ce qu’on a lu précédemment ou annoncent et complètent ce que l’on va découvrir par la suite, dans un style plus encyclopédique et neutre. Le reste du texte est écrit à la première personne, dans le temps présent, comme si on était dans la tête de Fitz. Je trouve toujours le recours à la première personne assez délicat si la psychologie du personnage n’est pas bien présentée, mais c’est fait ici avec une telle aisance et fluidité que le tout est extrêmement plaisant et efficace.
La majorité du premier volume se déroule dans le Château de Castelcerf où siège Subtil, le roi du royaume des Six Duchés dont les côtes sont assiégées par les Pirates Rouge qui sèment la destruction partout où ils passent. On découvre les différents personnages aux noms m’ayant de prime abord laissée perplexe (les princes Vérité, Chevalerie…). On suit l’apprentissage de Fitz du métier d’assassin, de l’Art et de bien d’autres choses encore. Vont s’enchaîner stratégies, trahisons, batailles, jeux amoureux, avec des personnages finement dépeints et attachants. J’ai adoré cette première intégrale, de par ma passion pour les romans d’apprentissages. La magie n’est pas très présente au début du récit, seulement par pointe via la forgisation, l’Art ou le Vif. On retrouve plutôt une fiction se déroulant au Moyen-Age, avec des personnages aux capacités augmentées par la magie.
Les personnages féminins sont intéressants : Molly, la reine Kettricken, Patience et les soldates, toutes se battent pour leurs convictions, ont une grande détermination et sont des personnages au fort caractère, mais elles restent secondaires par rapport aux personnages masculins occupant le premier plan dans cette saga.