Manifeste pour le respect & la paix
Après les Hirondelles de Kaboul qui était déjà une vibrante réflexion. L'Attentat reprend le même principe de choc Orient/Occident, Juif/musulman en le portant sur un terrain des plus polémique : Israël et Palestine.
Comment écrire un roman sur ce thème sans paraître militant, engagé, sans ce faire l'avocat du diable, de l'un ou de l'autre ?
C'était un peu la peur que j'avais en ouvrant ce roman...bien mal m'en a pris. Yasmina Khadra est un conteur formidable, un écrivain hors pair quand il s'agit de raconter quelque chose, d'horrible mais de terriblement humaniste.
Alors qu'Amine Jaafari est un chirurgien arabe, reconnu en Israel pour son travail, sa femme, elle, est coupable d'un attentat suicide en pleine ville...Alors son monde s'écroule, il décide alors de revenir au source, de retrouver ses origines qu'il fuit depuis tant d'années, de retrouver sa patrie : la Palestine.
L'Attentat est alors un roman sans véritable surprise, un parcours initiatique pour Amine qui comprend petit à petit ce que Silhem, sa femme, a fait. A travers une réflexion magnifique sur la paix, le terrorisme, l'humiliation ou encore la religion, Khadra livre un très beau manifeste pour la paix.
Jamais il n'accuse, toujours il réfléchit, question : Pourquoi ? Pourquoi des palestiniens vont à se faire exploser en plein Tel Aviv ? Pourquoi ?
Sans jamais excuser, sans justifier de tels actes, Khadra nous fait comprendre toutes ces humiliations qui mène vers un geste atroce.
Mais il essaie aussi d'esquisser un portrait d'un conflit qui défie la raison, qui défie la tolérance et l'humanité. Certains passages sont magnifiquement écrit, notamment sa description de Jérusalem, ou la discussion avec ce "magicien" qu'il croise devant le mur. Tant d'autres passages marquent par leur qualité d'écriture, par leur intimité, par leur beauté et leur simplicité.
Amine ne comprendra jamais ce que Silhem a fait, aucune cause ne vaut la mort de quelqu'un. Mais si on ne choisit pas sa destinée, son destin et sa vie...alors pourquoi ne pas choisir sa mort. Bien triste choix mais c'est celui qui rétablit un certain honneur bafoué.