Lu et approuvé par tous les psychopathes et autres serial-killers
Tribulations en trois jours d'un ado en fugue issu de la bourgeoisie américaine, révolté et ultrasensible, paumé, universel et intemporel.
Des aventures wtf, des rencontres hasardeuses, dangereuses ou émouvantes, des retrouvailles décevantes, et tout et tout, en trois-cent pages.
Début des années 1950. Holden Caulfield est renvoyé trois jours avant Noël de Pencey, le collège super huppé dans lequel il est scolarisé. Ce n'est pas la première fois que ce genre de mésaventure lui arrive et il craint la réaction de ses parents. Il rassemble tout l'argent qu'il possède et se rend sur un coup de tête (et pour retarder la colère des darons) à New York.
Holden, c'est l'anti-héros, ce type que personne n'aime vraiment et qu'on remarque à peine, ce mec un peu bizarre qui se lance dans des conversations que les autres ont parfois du mal à suivre.
On ressent sa solitude durant toute la lecture, sa difficulté à établir des relations avec les autres ados, blasé par leur superficialité. Holden est terrorisé par le fait de devenir un jour un adulte, écœuré par l'ignominie humaine. Il se sent trop différent, tellement pas dans la "norme" de sa génération par sa manière de penser et sa manière d'être.
C'est un Peter Pan moderne.
Mais un Peter Pan effrayé. Il n'a pas de "monde" à lui, il fait comme il peut ancré dans la réalité.
Écrit après la Seconde Guerre mondiale, The Catcher In The Rye illustre la décennie du conformisme par excellence -autrement dit, Salinger s'attaque au Saint-American-Dream.
La famille est au centre de tout et de toutes les valeurs. Les pères -Pater Familias- sont de fiers chefs de clan et les mères des ménagères hors-pair en mode publicité pour produits ménagers.
À cette époque, les enfants n'ont leur place que pour obéir et apprendre de leurs aînés, le concept "ados" n'existe pas : soit t'es un enfant, soit t'es un adulte.
Sa seule attache : son amour de petite sœur Phoebe à laquelle il voue un amour fraternel et passionnel. En effet, les enfants sont les seuls que Holden respecte, idéalisant l'enfance comme un paradis perdu.
Dans un style familier, argotique, vulgaire parfois, mais au langage saisissant et poignant, écrit à la première personne du singulier, on se laisse prendre, on se laisse planer, on se laisse secouer par la violence et la noirceur des idées de l'anti-héros.
C'est drôle aussi, son "colloc" de Pencey est vraiment crade, les vieux bons profs alcooliques sont plutôt attendrissants. L’innocence et la grâce de la petite sœur sont un espoir touchant pour le lecteur.
Un bouquin inoubliable et facile à lire, à relire, pas lourd à trimballer un peu partout. Se fond également très bien dans le décor de vos toilettes. Mais SURTOUT. Si vous avez l'opportunité de le lire en VO… Je vous souhaite encore plus de plaisir, la traduction française étant un peu vieillie.