*L'autre qu'on adorait* est l'histoire de Thomas Bulot, racontée par sa meilleure amie Catherine. Dans ce roman, Catherine est la narratrice, elle utilise un "tu" pour désigner Thomas, et non un "il" car, comme elle l'explique dans l'épilogue, « "Il" est trop distant, comme si je parlais de toi à un autre. "Il" te tue encore un peu plus ».
Thomas est mort. Catherine retrace son parcours depuis ses 17 ans à Paris, jusqu'à son suicide à 39 ans. L'histoire de Thomas se passe entre la France et les États-Unis, entre 1986 et 2008. C'est le récit d'un jeune universitaire spécialisé en littérature et cinéma, qui a tout pour lui : l'intelligence, la beauté, les amis, les petites-amies... Malgré tout, il enchaîne les échecs, professionnels et sentimentaux. L'histoire de Thomas est celle d'une chute.
Cette chute est partiellement la conséquence de sa maladie : Thomas est bipolaire. Mais il serait trop simple d'expliquer ses nombreux échecs par ce seul facteur, ce que tente de faire Thomas. Même si le personnage reste attachant vu à travers les yeux de sa meilleure amie, celle-ci ne cache pas ses défauts : Thomas se révèle au fil des pages un personnage égocentrique trop sûr de lui, et qui ne se remet jamais en cause.
L'un des atouts de ce roman repose sur ses nombreuses références historiques et culturelles : le récit est relié aux événements historiques auxquels Thomas assiste (la manifestation contre la loi Devaquet en 1986, le drame du 11 septembre 2001, la candidature d'Obama à la présidentielle...). Le récit est aussi traversé par de multiples références littéraires, musicales, cinématographiques... Thomas est un homme cultivé, spécialiste de Proust, dont les mots se font écho au destin du personnage : « Remonte à ta mémoire ce passage du *Côté de Guermantes* où Proust écrit [...] que la mort élit domicile en nous longtemps avant de nous tuer, et que pendant ces années, elle se fait connaître de nous comme un voisin ou un locataire "liant". Ce n'est pas d'aujourd'hui que tu sais que tu vas mourir. Tu le sais depuis toutes ces années où la mort est venue habiter chez toi ».
Dans ce roman, l'auteur, Catherine Cusset, dresse un portrait délicat, comme un hommage à un ami disparu. « Verra-t-on comme je la vois la courbe de ta vie, cette ligne qui prend un grand tournant quand tu pars à vingt-trois ans aux États-Unis et qui, telle une voiture de sport, fonce vers un mur contre lequel elle va se fracasser ? »