L'écume des jours ... Le titre envoûte, je le retrouve dans tous les top 10 des bouquins incontournables alors tout de même je me décide. Pourtant, au fil des chapitres je recherche ce quelque chose que j'aurais manqué. Je m'obstine, je persiste. Et soudain sans crier gare, Boris Vian m'emporte dans ce voyage au cœur du royaume des rêves merveilleux. Ceux-là qui nous laissent au réveil un souvenir vague d'odeur fuyante mais délicieuse, de teintes chatoyantes, de purs sentiments et dont l'écume demeurante reste une béatitude. C'est cette impression floue que Vian a su formuler, a su faire vivre en de multiples et riches scènes dont la beauté concentrée en des détails participent à créer des tableaux uniques.
Toutefois, je me demande dans quelle mesure l'histoire aurait pu être différente sans en changer les contours de cet univers onirique. Colin, brave jeune homme aisé est amoureux de Chloé. Alise est amoureuse de Chick malade obsessionnel des œuvres de Jean-Sol Partre. Il y a une note tragique durant tout le récit, une tristesse qui est là mais dont on ne sait pas encore bien pourquoi. A l'annonce de la maladie d'un des personnages du quatuor central, le rêve s'assombrit et le monde ternit.
Finalement, je crois avoir davantage adhéré au monde dans lequel Vian nous plonge que le déroulé de l'histoire en lui-même, la forme plutôt que le fond. Une très jolie poésie, somme toute.
A l'endroit où les fleuves se jettent dans la mer, il se forme une barre difficile à franchir, et de grands remous écumeux où dansent les épaves. Entre la nuit du dehors et la lumière de la lampe, les souvenirs refluaient de l'obscurité, se heurtaient à la clarté et, tantôt immergés, tantôt apparents, montraient leur ventre blanc et leur dos argenté.