Quand j'ai voulu commencer l'écume des jours, la première chose qui m'a attiré est sans nul doute le titre. Je ne connaissais rien de l'histoire du roman, mais j'en ai toujours entendu beaucoup de bien.
J'ai mis du temps à apprécier le roman. En effet, je trouve que la rencontre entre Chloé et Colin est assez précipité mais aussi symbolique de la force de leur amour. J'apprécie l'univers doux que Boris Vian a cherché à créer dans la 1ère moitié du roman (peut être un peut trop fantasque pour moi) mais le vrai génie de cette œuvre est la transition entre un univers gai et merveilleux à un univers bien plus sombre et triste. Je pense que personne n'est insensible à l'agonie de Chloé, d'autant plus qu'une fois "sauvé" on imagine que le malheur ne s'abattra pas de nouveau sur le jeune couple… Il faut aussi noter le rapprochement de la musique "Chloé" de Duke Ellington (aussi appelé "Song of The Swamp") avec le nénuphar qui naît dans le poumon de Chloé et l'appartement qui s'humidifie, à l'image du marais. Cela nous rappel la passion de l'auteur pour le jazz.
Les inventions de Colin dans la 1ere partie nous font rêver, un monde sans travail, calme et sans préoccupations autre que l'amour. L'autre partie nous vend un côté beaucoup plus sombre de la vie avec le destin auxquels ne peuvent échapper les gens sans argent. Le travail, s'il ne vous tue pas tout simplement, vous épuise physiquement et mentalement. D'autant plus que Vian nous dit que les salaires sont importants, rien comparé à la fortune que possédait Colin, aussi bien matériel qu'immatériel.
J'apprécie d'autant plus la comparaison entre l'amour que se portent mutuellement Colin et Chloé fasse à celui que porte Alise pour Chick, qui ne s'intéresse qu'a ses passions. Boris Vian nous vend en réalité un idéal : l'âme-sœur, la personne avec qui on est en fusion comme c'est le cas pour Chloé et Colin. D'un autre côté, Chick rejette absolument l'amour d'Alise alors qu'elle brûle littéralement d'amour pour lui, prête à tuer pour lui permettre de vivre.
Même si cette lecture ne m'a pas subjuguée, il est indéniable que Boris Vian à la plume qu'il faut pour émouvoir son lecteur.