Ce thriller politique de Marc Dugain est le premier volet d'une trilogie, qui se poursuit avec "Quinquennat" et "Ultime partie".
Le récit inspiré d'affaires bien réelles (Karachi) et de personnalités existantes (Corti rappelle clairement Pasqua) mêle des protagonistes issus des différentes sphères du pouvoir en France (politique, économique, judiciaire, syndical, services secrets...).
Le livre vaut moins par son intrigue (pas inintéressante mais pas captivante non plus) que par la qualité des portraits esquissés par Dugain, dont la vision psychologisante se révèle souvent saisissante. On pénètre vraiment l'intimité psychologique de ces gros poissons, et Dugain ne manque pas d'y accoler ses propres réflexions sur le sens de la vie, l'ambition, le désir, les sentiments amoureux...
L'auteur apporte également son analyse critique sur l'impuissance de la classe politique, les travers de la mondialisation ou le poids de la finance et des GAFA.
"L'emprise" se révèle donc une oeuvre très cérébrale, sombre, cynique et désabusée, qui ne plaira pas forcément au grand public, malgré des chapitres très brefs facilitant la lecture.
On pourra déplorer en revanche certains aspects un peu plus convenus, ainsi que le manque de densité de plusieurs personnages secondaires, dont les arcs narratifs ne débouchent sur rien (par exemple la photographe Li) : ce sera sans doute pour la "saison 2".