Après l'expérience atroce de la lecture de Gagner la guerre, de Jaworski, je m'étais dit que la fantasy française n'était peut-être pas pour moi, et que je ferais mieux d'en rester aux anglophones. Je suis bien contente de m'être laissée tenter par la critique dithyrambique que ma librairie de quartier a faite des deux premiers tomes de ce cycle made in France (bon, OK, par un Anglais) !
J'avoue avoir mis du temps à rentrer dans l'histoire du jeune Syffe. Si l'univers semblait riche et bien construit, j'ai trouvé la première moitié du roman très lente, avec quelques maladresses de style, et j'ai peiné à m'intéresser au destin du héros. J'avais également l'impression de lire pour la 20e fois un poncif de la fantasy, avec ce récit qui se focalise sur un orphelin qui n'a pas dix ans et qui va découvrir le fonctionnement de son monde (dur et injuste) en même temps que le lecteur ou la lectrice. Autant dire que ça ne commençait pas très bien !
C'est à partir du moment où Syffe est pris en charge par le guerrier Uldrick que le rythme décolle et que l'histoire m'a saisie. Bien que n'étant pas fan de la violence de l'éducation viriliste d'une grande violence qui lui est infligée à partir de là, le traitement qu'en fait Dewdney est plein de finesse et sans manichéisme : cette éducation n'est pas jugée comme étant bonne ou mauvaise, elle fait simplement de lui un meilleur guerrier. Tout au long du roman, l'auteur s'attaque aussi à des sujets de société qui colorent son monde (tout en suggérant des critiques qui s'adresseraient aux sociétés occidentales contemporaines).
Malgré des débuts difficiles, je me suis laissée embarquer dans ce roman somme toute bien écrit et très divertissant qui forme à mes yeux une base solide pour l'heptalogie à venir. Après l'avoir refermé, j'ai foncé acheter le deuxième tome !