Lykke Andersen vit dans la campagne suédoise, dans une maison baptisée l’Eternité. Elle est une éditrice épanouie, mère de jumeaux et épouse d’un célèbre écrivain. A l’occasion de la Fête de l’Ecrevisse, elle organise chez elle une soirée en compagnie de ses proches, tous issus du milieu de l’édition. Elle invite également Bonnie, la meilleure amie de ses fils. Mais la nuit vire au cauchemar: au lendemain de cette soirée festive, le corps de la jeune fille est découvert dans la stuga, dépendance dans laquelle vivent les garçons. Les jumeaux nient avoir commis le crime, n’ont aucun souvenir de la nuit, mais un détail les accable : la porte et les fenêtres sont fermées à clé de l’intérieur. Huit ans plus tard, Lykke est placée en détention provisoire pour homicide volontaire. Le mystère reste entier sur ce qu’elle a commis, mais elle n’accepte de parler qu’à Manfred Olsson, l’enquêteur qui à l’époque s’est chargé de l’enquête sur le meurtre de Bonnie. Les jumeaux Harry et David, deux garçons très différents, ont été incarcérés suite à ce drame puis finalement libérés, les enquêteurs n’étant pas parvenus à déterminer lequel des deux était le coupable… Lykke n’ayant pas supporté que ses fils soient ainsi incriminés, s’est alors résignée à trouver elle-même le véritable coupable.
Le souhait d’être dans la lignée des reines du crime a certainement motivé Camilla Grebe où tout du moins le souhait de leur rendre hommage avec cette nouvelle version du mystère en chambre close : une victime strangulée, une pièce fermée de l’intérieur et deux suspects potentiels. L’un et l’autre, sous l’influence des policiers qui les interrogent se rejettent la faute, sans se souvenir de ce qu’il s’est réellement passé. Par manque de maturité ou par excès d’intelligence, qui sait ? Les deux jumeaux se manipulent-ils l’un l’autre alors qu’ils se sont jusque là toujours entendus à merveille? Vouaient-ils un amour secret à leur amie d’enfance? L’un d’eux entretenait-il avec elle une liaison qui aurait mal tournée ? Comme souvent chez cette autrice, la psychologie prend le pas sur l’action. Le microcosme formé par cette famille va éclater suite au drame, les questions que l’on se pose affluent. Les deux temporalités se chevauchent au gré de chapitres relativement courts, permettant de suivre deux enquêtes. Selon Lykke, la première n’a pas été menée correctement, elle parvient à placer Manfred Olsson devant ses responsabilités. On s’attache facilement à cet inspecteur épris de culpabilité.
Ce roman est l’occasion pour l’autrice de dresser un portrait sans concession du monde de l’édition. Elle y puise de vilains personnages, dépeint les travers de cet univers impitoyable et assène quelques vérités déroutantes. Toutefois je n’ai pas été particulièrement convaincue par ce roman, notamment dans son dénouement. En réalité, cette affaire se joue à un détail près que je n’ai pas trouvé pertinent, mais décevant, et je me dis en conclusion, tout ça pour ça! Mais ce n’est que mon impression, donc je vous conseille de le découvir pour vous faire votre propre avis!