Poul Anderson est un de ces auteurs de l' "âge d'or" qui écrivait aussi bien de la SF que de la fantasy, et ce avec un égal bonheur. Mais si son cycle de la Patrouille du Temps bénéficie d'une petite notoriété en France, c'est moins le cas pour ses œuvres de fantasy. Témoin cet ouvrage toujours non traduit en français, qui pourtant est sans doute sa contribution majeure à la fantasy. Paru quasiment la même année que le Seigneur des Anneaux, il semblerait qu'il ait eu pendant un temps (je ne saurais dire précisément combien cependant) une influence presque aussi grande, allant influencer certains auteurs postérieurs comme Moorcock.
Il faut aussi dire que Poul Anderson s'est fait remarquer par des positions politiques quelque peu réactionnaires, et surtout par son soutien à l'engagement militaire au Vietnam. Ceci a peut-être joué sur sa réception.

The Broken Sword nous conte une histoire dans le style des vieilles sagas scandinaves. Notre monde, à l’époque des vikings. Elfes, Trolls, Gobelins vivent dans des royaumes cachés. Odin, Tyr et d’autres parcourent la face de la terre, mais leurs buts sont obscurs même pour les Elfes, trop conscients de n’être que des pions dans la guerre entre dieux et Géants.
Elfes rusés, intrigants, créatures dangereuses… Imric est dit « the guileful ». Il va dérober un enfant humain, Skafloc, et l’échanger contre un “changeling” conçus par une femme troll. Le début du drame. Car évidemment le Changeling a un cœur de glace.
Skafloc aura une enfance heureuse, même si très tôt, l’appel du large est irrésistible, et le porte vers d’autres cieux. Valgard se sentira vite complètement en décalage avec son milieu.
L’histoire n’étonne pas forcément. Ce qui étonne c’est la capacité d’Anderson à alterner douceur et violence, donnant volontiers dans les descriptions éthérées, aussi bien que dans la réalité crue. Le tout avec un sens de l’épique exceptionnel (bataille navale, sièges, duels...).
Le cliché de la quête de l’artefact grosbillesque est là, oui. Mais précédé d’une odyssée maritime dans une ambiance à la Lovecraft, lourde, pesante et annonciatrice d’événements terribles, qui nous font comprendre que pour le happy end, c’est mal barré. Skafloc, Valgard, chacun en devient obsédé par l’autre, jusqu’à cette fin qui se joue sur le fil.

Dernier point, l’anglais. Hum. Ce serait mentir que de prétendre que cela a été facile. Tout comme un certain professeur d’Oxford, Anderson a un goût prononcé pour les archaïsmes. Heureusement que le dictionnaire de la liseuse était là, heureusement qu’on accepte de chercher et perdre du temps, mais malgré tout, certains passages sont vaguement douloureux. C’est assez désespérant de se dire qu’on a lu 250 pages dans le temps où en aurait lu trois ou quatre fois plus en français…
J’imagine que c’est dans les cordes d’un littéraire, a fortiori d’un étudiant en langues, mais ce n’est pas des plus facile pour quelqu’un qui comme moi n’a pas l’habitude de lire en anglais.
Silentium
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le 13 juil. 2013

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Florent

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