"L'homme qui tient un rôle, non pas aux yeux des autres, mais vis-à-vis de lui-même, encourt des dangers psychologiques évidents. En soi, la pratique du mensonge n'a rien de particulièrement éprouvant ; c'est une question d'habitude professionnelle, une ressource que la plupart des gens peuvent acquérir. Mais alors que l'aigrefin, l'acteur de théâtre ou le joueur professionnel peuvent rejoindre les rangs de leurs administrateurs après la représentation, l'agent secret, lui, ne peut pas se payer le luxe de la détente. Pour lui l'imposture est avant tout de l'autodéfense. Il doit se protéger non seulement des dangers extérieurs, mais aussi du dedans, et contre les plus naturelles des impulsions, bien qu'il gagne parfois des fortunes, son rôle peut lui interdire l'achat d'un rasoir. Érudit, il peut se voir astreint à ne prononcer que des banalités. Mari et père de famille dévoué, il lui faut, en toute circonstance, refréner son envie de se confier aux siens."
Voilà la dure vie d'espion, selon John le Carré, extrait de son premier roman publié, un anti-James Bond en somme : ici zéro cascade et 100% bla-bla !
Je ne sais si c'est le fait d'avoir lu mon premier John le Carré juste après mon premier Ian Fleming mais en dépit des prouesses langagières de ces espions qui sont sans cesse entre la vérité et le mensonge, malgré l'écriture fluide, habile, je n'ai pas reussi à m'intéresser au sort de ce pauvre Leamas, transfuge ballotté d'un côté du Mur puis de l'autre en pleine guerre froide. Je me suis perdue dans les méandres rhétoriques et stratégiques, malgré leur ingéniosité, en bref je crois que je ne suis pas du tout la cible de ce genre de roman...