Cela doit bien dater de Mathusalem la dernière fois où j'ai été en terre dostoïevskienne. "L’Éternel Mari" m'a fait regretter cet "exil" volontaire car ce roman s'est révélé être un excellent choix pour me redonner le goût de la lecture de cet auteur.
D'abord loin de ses grands mais impressionnants pavés littéraires, cette oeuvre est assez courte, et puis le style contient les qualités habituelles de l'auteur, c'est-à-dire qu'il est fort, profond et perturbant (dans le meilleur sens du terme !!!), sans les quelques défauts, c'est-à-dire les redondances et un aspect volontiers fouillis. En conséquence, la lecture est fluide et rapide.
L'histoire : celle de Alexeï Ivanovitch Veltchaninov, ancien bourgeois mondain célibataire endurci à l'approche de la quarantaine empêtré dans son hypocondrie et dans des ennuis juridiques, qui va croiser ou plutôt va recroiser la route de Pavel Pavlovitch Troussotzky, "éternel mari" donc homme juste bon à être l'époux d'une femme qui le cocufie, dont Veltchaninov a été l'amant de sa défunte épouse et (peut-être !!!) le véritable père biologique de sa fille unique...
En ressort un affrontement psychologique aux allures de vaudeville, mais aussi aux forts accents tragiques et avec quelques grosses pointes de cruauté, d'une telle complexité que comme le personnage de Veltchaninov on n'arrive jamais à maintenir les mêmes sentiments à l'égard de Troussotzky. Fascination, répulsion, pitié, haine, mépris, voilà globalement ce qui animera Veltchaninov tout comme le lecteur.
"L’Éternel Mari" est une plongée dans la psyché qui ne laisse pas indemne, surtout pas le lecteur... Pas de doute, Dostoïevski était un maître en psychologie et en rapports humains.