L'Étranger par BibliOrnitho
Un certain malaise.
Meursault est un homme déroutant : un dilettante qui se contente d'être le spectateur de sa vie. Il la considère comme on considère la vie des autres : il s'y penche avec une certaine curiosité mais sans un réel intérêt. Il analyse froidement, de façon impartiale des faits qui le touchent directement mais dont les causes et plus encore les conséquences ne l'intéressent pas.
Meursault se moque de tout. Son indolence me fait un peu penser à l'horloger d'Everton. Il n'attache aucune importance aux choses et s'abîme, dans les instants graves (l'enterrement de sa mère, son procès), dans une contemplation simple et ne remarque que des détails sans importance, futiles.
Sa narration est laconique, sans débordement de joie, sans cris, sans pleurs. Sans émotion. Comme s'il contait la vie d'un autre qu'il n'avait pas connu ni particulièrement apprécié. La vie d'un étranger (d'où le titre, j'imagine). Le décès de sa mère est un aléa dans sa vie. Un aléa qui lui a valu une remarque de son chef. Mais il continue de bien travailler. Il accepte de rédiger une lettre odieuse pour le compte d'un autre sans penser à s'offusquer d'une telle proposition. Il n'y pense d'ailleurs pas. Vivre à Alger ou à Paris, qu'importe ? Son patron remarque qu'il répond toujours à côté : il ne semble pas comprendre. Lors du crime, la première balle est tirée sans qu'il le veuille vraiment. Les 4 autres sans qu'il y pense réellement. Lors du procès, il est distrait et n'écoute pas les plaidoiries qu'il trouve longues... pour regretter ensuite son inattention avec cette remarque : "On devrait porter plus d'attention à ces choses là. Ca peut servir" (je cite de mémoire).
Une seule fois, il veut réagir : à son procès, il aimerait prendre la parole mais son avocat l'en empêche et lui demande de se taire. Ca m'a fait sourire.
Un livre que j'ai apprécié mais qui me laisse un tout de même un goût amer dans la bouche. Une telle apathie, un tel renoncement m'est incompréhensible. Absurde...