Challenge NOBEL 2013 - 2014
6/15
Court roman écrit à la première personne qui place le lecteur dans une intimité étroite avec Meursault, un homme dont il ignorera à peu près tout du début à la fin de l'oeuvre.
Mais, en réalité, peu importe à l'auteur de nous noyer dans le superficiel d'un environnement de vie, l'essentiel lui suffit ; cet essentiel commun à beaucoup d'individus ; un essentiel lambda : né d'une mère et d'un père, vivant une existence guère différente de celle des autres, pion sur l'échiquier d'une société bâtie par l'homme, menée par l'homme, érigée par l'homme en une pensée de morale et de justice, Meursault n'aura aucune possibilité d'en réchapper.
Nous sommes en Algérie, avant guerre (enfin le lecteur s'autorise à le penser car il n'y a pas de repères temporels et le monde semble en paix ; le roman, quant à lui, a été édité en 1942). Meursault est coupable d'un meurtre, il est donc jugé par ses pairs et condamné. Malaisé pour moi, lectrice, de ressentir de l'empathie pour un homme qui ne semble pas capable d'éprouver grand chose. Pragmatique jusqu'au stoïcisme, ce protagoniste m'a souvent fait une mauvaise impression, celle d'un grand bêta, handicapé du sentiment, quand l'auteur nous demande vraisemblablement de compatir à son sort. Ce même homme un peu niais et influençable, qui semble plus spectateur qu'acteur de sa vie, va acquérir, en prison, une profondeur de vue propre à refléter la philosophie de son père littéraire, Camus. Cette soudaine lucidité éclairée sur le monde qui l'entoure et l'analyse qui en découle ne m'ont pas vraiment semblé coller au personnage.
Je resterai humble, je ne suis pas une grande lectrice de Camus, je n'ai jamais été en prison ni, Dieu merci, dans la peau d'un condamné à mort donc je fais profil bas. Cependant, je ne peux m'ôter de l'esprit que Meursault l'a bel et bien tué cet homme ; Meursault a bel et bien aidé son voisin à violenter une femme... Alors, au-delà de la question de la peine de mort clairement dénoncée ici, y a-t-il réellement injustice ?
C'est assez décevant de me dire que j'oublierai sans doute cette oeuvre, résolument pessimiste, aussi vite que je l'ai lue.