L'Étranger
7.7
L'Étranger

livre de Albert Camus (1942)

J'ai entendu il y a quelques années que ce livre était celui qui avait le plus marqué les lecteurs français. Et je veux bien le croire, car c'est un livre qui, au-delà de ses qualités formelles, à savoir une écriture limpide comme une mer transparente et d'une beauté stupéfiante, à la fois simple et profonde, pose beaucoup de questions et n'apporte que peu de réponses.


On découvre le récit d'un crime imprévu, un crime qui tombe sur les épaules de son auteur comme le malheur, ainsi que l'histoire du procès. Il y a tant de portes d'entrée dans ce récit en apparence pourtant très simple. On découvre un homme, non pas méchant, mais totalement insensible au monde. L'amour d'une mère ou celui d'une femme, rien n'arrive à l'émouvoir vraiment. Au fond de lui-même, le monde lui semble absurde, et c'est cette absurdité qui est jugée par le tribunal, avant même le crime.


Le procureur lui reproche davantage de ne pas avoir pleuré à la mort de sa mère que d'avoir tué un homme. Cette insensibilité, ce non-sens de la vie, est insupportable pour le procureur et le juge. Le juge essaiera de lui présenter Dieu, celui qui donne une direction à la vie des hommes. Jusqu'au jour de sa possible exécution (sera-t-il exécuté ? le roman ne le dit pas), un curé viendra pour le convaincre de s'ouvrir à Dieu, ce qui va finir par provoquer la colère de Meursault.


Jusqu'au bout, il sera resté un étranger à la condition humaine, définitivement sans empathie. Et ce qui est le plus terrible, c'est que ce manque d'empathie existe sans méchanceté chez Meursault. Il ne souhaite jamais le mal à personne ; le mal lui semble aussi absurde que le bien.


En face, il y a la société avec ses lois, mais surtout avec ses règles non écrites, comme la recherche d'un sens par la transcendance ou tout au moins l'amour de sa famille. Pourtant, cette société cultivée, cette société "humaine", va condamner un homme à mort. Elle s'apprête à commettre elle aussi un crime, non pas pour punir un meurtre, mais pour débarrasser la société de ce qu'elle considère comme étant un "étranger" à la condition humaine.


Est-ce cela être humain ? C'est une des questions que pose ce livre, qui en sous-texte nous en pose une autre : comment faire pour accéder à cette humanité qui dépasse notre condition biologique d'Homme ? C'est la question que Camus se posera toute sa vie. Ce livre est un point de départ et c'est peut-être pour cela qu'il n'apporte pas vraiment de réponse au lecteur.

Hervé_Bertsch
8
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le 29 juil. 2024

Critique lue 13 fois

Hervé Bertsch

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