On suit Candice, jeune anglaise dans le Londres de 1979. Elle galère comme coursier à vélo le jour et la nuit, elle travaille sur l'adaptation de Richard III avec sa troupe de filles, les "Shakespearettes".
Sont mêlés ici des réflexions sur le théâtre, l'histoire politique et économique du Royaume-Uni et du monde occidental, la musique, la pop culture, l'amour, les relations hommes/femmes et la famille. Tous ces sujets sont articulés les uns aux autres. L'intrigue du roman (assez mince finalement) sert à peindre un contexte londonien où prennent naissance tous les phénomènes qui ont façonné notre monde contemporain: les livreurs à vélo Uber Eats mal payés, la politique spectacle et les citoyens spectateurs à la mémoire courte, les outrances de l'ultra libéralisme, la violence des hommes sur les femmes et la prise de conscience du mouvement #metoo, l'importance de la musique et du divertissement, le fossé grandissant entre ceux qui pensent le monde et ceux qui consomment et votent pour celui qui crie le plus fort. Tout cela est associé à des réflexions intemporelles sur le couple, le rapport entre le jeu d'acteur et la vérité, l'importance du théâtre.
Le livre propose un corpus idéologique cohérent et une vision sur un temps long. Trump et Bolsonaro sont possibles parce que Thatcher est passée par là. C'est selon moi une des meilleures lectures pour se réveiller, penser par soi-même et s'approprier les mots et le pouvoir comme l’héroïne du roman au fil des pages et de ses réflexions.