Leonardo Padura aura pourtant fait tout ce qu'il fallait pour doter son volumineux ouvrage de tout ce qui devrait lui valoir une tonne de prix littéraires, mais justement, c'est ce qui le plombe au-delà du raisonnable. J'appelle ça "le syndrome El sueño del Celta", d'après le roman roboratif et raté de Vargas Llosa. J'ai quand même tenu bon 300 pages, parce que je suis une lectrice endurante et que j'aime bien donner leur chance aux œuvres. Mais là non, c'est tout bonnement plus possible. J'ai croulé sous les références historiques, les anecdotes politiques, la débauche de détails garantissant l'exactitude de tout mais parfaitement inutiles et qui lestent l'histoire d'une manière monstrueuse, comme une tumeur qui la phagocyterait complètement. Car le Leonardo est un écrivain scrupuleux mais imperméable aux enjeux humains, j'en ai bien peur. L'un de ses personnages centraux, amoureux fou d'une jeune beauté nommée Africa, la retrouve enfin et plonge dans ses bras. Padura : "Hicimos el amor con pasion". Point final. C'est dire si le gars est à l'aise avec les relations humaines. Et tout est à l'avenant. Asphyxie garantie. Une sécheresse qui mériterait le prix Gobi.