Long John Silver, Jim Hawkins, Billy Bones, le Capitaine Smollet, Ben Gunn, Flint, le Docteur Livesey, le Chevallier Trelawney autant de noms qui m'ont fait rêver. Je devais avoir dix ou onze ans quand je dévorais l'Île au Trésor pour la première fois. J'ai quasiment attendu quarante de plus pour le relire en à peine une nuit.
On ne présente plus l'œuvre de Robert Stevenson, ses multiples adaptations et évocations. C'est la fin de la série Black Sails (préquel du roman) qui me donna l'idée de relire ce bouquin. Et ce fut un bonheur.
L'histoire et simple, la narration dynamique, les personnages bien campés. C'est indéniablement un roman écrit pour un jeune public mais qui se laisse découvrir à tout âge, même si je reste persuadé que la magie n'opère pas de la même façon passé quinze ans.
Cependant, en tant qu'adulte, j'ai mieux compris la fascination qu'exerce Long John Silver. Figure paternelle de Jim, Il est à la fois mentor et protecteur; tuteur du bien comme du mal, et ouvre les portes de l'âge adulte au jeune Jim un peu niais au début de l'histoire. Long John est le personnage central. Expert dans l'art de manipuler, de convaincre et d'utiliser son intelligence sans jamais passer par la case violence, ce personnage est ambivalent. A la fin du roman, il est impossible de le classer dans un camp plutôt que l'autre. Il ne sert qu'un dessein: le sien. Il se sert de toutes les ressources que lui offre les relations ou les situations pour tirer des bords jusqu'à son but. C'est un joueur d'échec. Du grand art.
L'art narratif de Stevenson est proprement stupéfiant. Le style est très cinématographique. Les descriptions vont à l'essentiel de manière efficace. Les dialogues sont énergiques. Le roman est organisé autour de scènes parfaitement identifiables servies par des personnages fort en thème. Deux échappent à la règle. Jim, plutôt neutre. Très "Tintin". L'autre, Silver, complexe, indéniablement le héros du roman. Le ressort tient entre ces deux personnages. L'un pour l'identification, l'autre pour le suspens. Et ça fonctionne très bien. D'ailleurs la référence à Hergé n'est pas innocente, puisque l'univers du dessinateur belge est en quasi miroir.
Stevenson a écrit ce roman à vingt-neuf ans. Né en Écosse et mort à Samoa, c'est avant tout un voyageur. Il quitte l'Angleterre pour visiter le proche continent, séjournant longuement en France. Il part ensuite aux Etats-Unis, et vogue vers l'Océanie sa dernière demeure.
Il me reste à découvrir une autre œuvre majeure de Robert Louis Stevenson: L'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde