Commencé à la lueur de la lampe frontale, pour ne pas réveiller Sidonie, par une nuit d’insomnie. Grâce à la nouvelle traduction des éditions Tristram – Dieu les bénisse –, j’arrive enfin à me prendre à cette prose. On dit que Stevenson est un narrateur hors pair. Que Nabokov, Borgès, Echenoz ont appris à écrire en le lisant. Avec lui les histoires naissent toujours d’un rêve, d’une faille, d’un trouble. Elles sont toujours comme un coup de tonnerre qui éclaire la nuit : fugaces et presque entièrement faites d’ombres. Dans les récits de l'écrivain écossais, rien n'est moderne, ni les personnages, ni le dispositif narratif, ni les décors. Il y a juste ce cauchemar en arrière-plan qui peu à peu étend ses tentacules sur nos silhouettes trop sûres d'elles-mêmes. Et il y a autre chose: « le lecteur joue consciemment à être le héros », écrit quelque part Stevenson, dans ses notes personnelles. Il y a tout simplement le jeu.