Si tu pensais que les utopies philosophiques du XVIIIe siècle étaient toutes en mode "paix, amour et camomille", L’Île des esclaves de Marivaux est là pour te prouver qu’un bon retournement social peut aussi virer au petit jeu sadique entre maîtres et valets.
L’histoire ? Des nobles et leurs serviteurs font naufrage sur une île où – surprise ! – les rôles sont inversés. Fini les châteaux et le mépris aristocratique, bienvenue dans une colonie où les ex-esclaves deviennent les boss et où les anciens puissants goûtent aux joies du ménage et de l’humiliation bien sentie.
Le gros point fort ? C’est un concept brillant. Marivaux s’amuse avec le renversement des statuts sociaux et offre une satire piquante de l’aristocratie. L’air de rien, il questionne le pouvoir, l’injustice et l’humanité en nous laissant espérer que tout le monde peut évoluer.
Le hic ? C’est un peu trop gentil. À force de tempérer son propos et d’arrondir les angles, Marivaux finit par écrire une pièce où tout le monde devient sympa à la fin. Si tu t’attendais à une rébellion sauvage façon Révolution française en avance, passe ton chemin : ici, les dominés pardonnent et les dominants apprennent leur leçon.
Bref, L’Île des esclaves, c’est un huis clos social qui pique mais pas trop, où Marivaux joue au professeur de morale en imaginant une société égalitaire qui ressemble plus à un camp de vacances éducatif qu’à une vraie révolution. À lire si tu veux voir de l’aristocrate en PLS, mais sans le frisson d’un vrai renversement de tyrannie.