L'impossible retour ne l'est pas tant que cela et voici Amélie Nothomb de nouveau au Japon, son pays de cœur où elle n'a cependant pas réussi à s'installer durablement. C'est un carnet de voyage que nous propose l'autrice belge, avec vue sur la nostalgie de ses séjours passés et un émerveillement teinté d'amertume. Un périple court mais intense en sensations, quelque chose qui pourrait s'intituler Saveurs et tremblements. Très égocentré, avec une part fictive inconnue mais sans doute peu épaisse, le récit est très visuel (on imagine assez bien le documentaire qui aurait pu être tourné) et tempéré par la présence de l'amie qui l'accompagne et dont la spontanéité donne quelques couleurs à ce qui s'apparente en définitive peu à un roman. Entre Kyoto et Tokyo, en passant par Nara et le Mont Fuji, au loin, en train, dans le métro, à pied et dans la solitude de sa chambre d'hôtel, Amélie se pose des questions existentielles, se remémore des souvenirs, s'émeut de l'absence d'un père disparu lit Huysmans avec délectation et, pour une fois, délaisse le champagne pour le whisky ou le thé. Quelques anecdotes plus ou moins burlesques parsèment l'intrigue qui se love paresseusement dans cette dizaine de jours passée dans ce Japon tant aimé et qui surprendra toujours. Voilà, il manque peut-être une liste d'adresses au final pour ceux et celles qui voudraient aller sur ses traces mais le livre, assez vite oubliable une fois de plus, s'est avéré distrayant et inoffensif, comme une parenthèse agréable entre deux œuvres bien plus roboratives de la rentrée littéraire. Sayonara Amélie et à l'année prochaine pour un nouveau roman, qui sera moins personnel, ou pas, car après tout, elle a le luxe de pouvoir écrire ce qui lui chante, assurée du succès, sauf anomalie bien improbable.