Elsa Osorio est une romancière, pas une biographe. La vie de son héroïne, dans La Capitana, une certaine Mika Etchebéhère, combattante pour la liberté, elle la raconte dans le désordre, inspirée par les carnets de la susdite et les témoignages recueillis auprès des survivants en imaginant les trous de sa biographie avec la plus grande vraisemblance. Elsa Osorio se joue de la chronologie, ce qui désoriente quelque peu. Mais au fil des pages, le portrait de cette passionaria antifasciste et poursuivie par les staliniens pour déviance trotskyste, s'affine dans ce qu'il a d'essentiel, sa lutte pendant la guerre d'Espagne. Au delà de cette évocation d'une femme inébranlable dans ses convictions et d'un courage absolu, on retient du livre son histoire passionnelle avec son alter ego, Hipolito, l'homme de sa vie, fauché avant l'âge. Les grandes histoires amoureuses ont aussi leur place dans la grande histoire et donnent un relief supplémentaire à cette femme solaire, téméraire et indomptable.