Mon état d'esprit à la lecture de ce livre était très proche de celui dans lequel j'étais à la lecture de l'Attrape-cœurs de Salinger. À savoir : j'en ai subi la lecture, de la première page jusqu'à la dernière, et une fois le livre fini j'ai eu une sorte de déclic (ce qui explique le 9 que j'ai mis à l'Attrape-cœurs et le 7 à la Conjuration des imbéciles).
J'ai mis deux mois à lire la Conjuration des imbéciles (la lecture en anglais n'a pas aidé), et j'avoue que je n'en voyais plus la fin. Ce livre m'ayant été prêté par quelqu'un dont c'est le livre préféré, je me suis sentie obligée de le lire jusqu'au bout (sinon il aurait traîné un an ou deux sur ma table de chevet, jusqu'à ce que je lui laisse une deuxième chance (ou pas)). Et finalement, je suis heureuse de l'avoir fini.
Je ne peux pas dire que j'ai adoré, mais j'ai certainement apprécié la galerie de personnages et la cohérence du tout. Eh oui, je suis ce genre de lectrice. J'aime bien voir les livres dans leur ensemble, sans nécessairement me baser sur mes goûts personnels. Un bon livre que je n'ai pas vraiment aimé peut obtenir un 7 et un mauvais livre que j'ai quand même apprécié peut obtenir un 3 ou 4.
Ce qui constitue un "bon livre" est personnel et subjectif. À mes yeux, c'est un livre dans lequel l'auteur ne se fiche pas de ses lecteurs et pour lequel il a une visée littéraire (et pas uniquement commerciale).
Pour moi, la Conjuration des imbéciles fait partie des bons, voire très bons livres...
La note que j'avais mise à L'attrape-cœurs avait grimpé avec le temps, parce que le personnage principal, Holden, m'était resté en tête et qu'il m'avait plus touchée que ce que j'avais cru. Malheureusement je ne crois pas que ce sera le cas pour Ignatius. Il est parfait dans son rôle, certaines de ses remarques m'ont fait sourire, son attitude m'a parfois amusée, mais ça n'est pas allé plus loin que ça. Le problème, c'est que c'est dur de vraiment aimer un livre quand on n'apprécie que très peu le personnage principal...
Finalement, comme m'a dit une collègue avec qui j'en parlais au travail : l'histoire autour de la publication de ce livre et autour de son auteur est peut-être plus intéressante que le livre lui-même. C'est sévère et je ne partage pas entièrement cette opinion, mais le suicide de l'auteur à la suite des refus successifs de différentes maisons d'édition, la persévérance de sa mère pour faire publier le livre de son fils quelques années plus tard, suivie de l'obtention du prix Pulitzer à titre posthume, ont certainement donné une aura spéciale à ce livre.
Je ne le recommande pas spécialement, mais je ne le déconseille pas non plus... Tout est question de goûts et de sensibilité.