7 : bon mais quelques remaniements s'imposent. A lire !!

Plonger dans l'univers d'une jeune femme de la Provincia peu épargnée par le sort fut un plaisir. Le lecteur suit les premiers pas d'une innocente agnelle dans ce panier de crabe qu'est la "bonne" société de son temps, livrée comme une marchandise à la brutalité masculine par un père désireux de devenir sénateur de l'Urbs. Peut-être un peu cliché au début certes...

Comme dans un roman d'apprentissage habituel, nous voyons Paulina recevoir les coups et s'épanouir pour devenir une femme indépendante, capable d'affronter avec courage les turpitudes de la Rome néronienne. Nous sommes alors loin de la jeune fille timide d'Arelate.L'évolution de la protagoniste n'est pourtant pas une ligne parfaitement droite, car nous vivons avec elle les doutes et les faiblesses qui l'assaillent, la faisant reculer sur la voie de la sagesse, avant qu'elle ne se resaisisse et n'avance de plus belle. C'est alors l'occasion, sans "se prendre la tête", de (re)découvrir le stoïcisme à travers le personnage de Sénèque, second mari de Paulina et précepteur, puis conseiller, de Néron. Bonne idée que d'avoir voulu aborder cette figure emblématique de la philosophie dans le cadre intime plutôt que dans la perspective aride de débats philosophiques. Car c'est l'un des points forts de l'œuvre de Patrick de Carolis : enseigner sans en avoir l'air les bases de la société et de l'histoire (gallo) romaines, sans que cela ne devienne rébarbatif. On reconnaît bien là la patte du créateur et animateur magistral de l'émission à succès "des racines et des ailes". Émission qui est d'ailleurs bien souvent revenue, pour notre plus grand plaisir, sur les fouilles du Rhône en Arles, qui font en ce moment l'objet d'une magnifique exposition.

Le lecteur, peu habitué à ce que l'on traite des obsessions qui animaient la mentalité gauloise du premier siècle, découvre une aristocratie partagée entre une orgueilleuse fidélité à ses racines et la volonté revendiquée haut et fort d'être absorbée par Rome comme une digne héritière d'Enée. Cette dichotomie reste longtemps une constante, puisque quelques siècles plus tard, sous les Mérovingiens, on perçoit encore un net fossé entre le sud de la gaule pétrie de culture romaine et des gens du nord façonnés par les invasions.

Je déplore néanmoins un point faible dans cette belle leçon d'histoire. Si l'auteur a raison de replacer les ouvrages de Sénèque dans leur contexte d'écriture et de publication, ainsi que de resituer le lecteur dans une période dont il est peu familier, nous perdons (à mon sens) parfois trop de vue Paulina au profit d'un catalogue de faits et de personnalités, dont le détail aussi pointu n'est peut-être pas absolument nécessaire. De cette façon l'allusion à Pétrone sonne un peu comme un "mince ! J'ai oublié de parler de cette figure incontournable du règne de Néron ! Bon allez une ou deux lignes et c'est bon".

En conclusion : bonne lecture ! Un excellent ouvrage de vacances, instructif et qui se lit vite !!
Mellissende
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Littérature française et romans historiques contemporains

Créée

le 12 août 2011

Critique lue 419 fois

Mellissende

Écrit par

Critique lue 419 fois

D'autres avis sur La dame du palatin

La dame du palatin
Mellissende
7

Critique de La dame du palatin par Mellissende

7 : bon mais quelques remaniements s'imposent. A lire !! Plonger dans l'univers d'une jeune femme de la Provincia peu épargnée par le sort fut un plaisir. Le lecteur suit les premiers pas d'une...

le 12 août 2011

La dame du palatin
blolit
7

De la fascination des femmes

Après un premier roman historique traitant de la difficulté de naître femme quand un puissant seigneur désespère d'engendrer un héritier mâle, Patrick de Carolis nuance ici une intrigue similaire en...

le 4 juil. 2011

Du même critique

Les demoiselles de Provence
Mellissende
8

Une fresque historique savoureuse.

8 : à lire (à condition d'avoir quelques notions préalables sur l'époque, sinon risque d'overdose d'informations). A noter que j'ai choisi l'option "a envie de le relire", ce qui m'arrive...

le 19 août 2011

3 j'aime

1

Du sang sur la soie
Mellissende
7

Critique de Du sang sur la soie par Mellissende

(7 : bon mais quelques remaniements et modifications s'imposent) Les plus : * Très bon traitement psychologique des personnages. Une galerie de portraits où chaque caractère est minutieusement...

le 20 avr. 2011

2 j'aime

Le Nom de la rose
Mellissende
9

Mi-figue, mi-raisin.

(9 : très bon) J'ai longtemps hésité avant d'attribuer cette bonne note. Et pour cause : j'ai bien failli abandonner la lecture (ce que j'ai déjà fait avec "Baudolino"). Au début, je l'ai entreprise...

le 8 août 2011

1 j'aime