Ah, à quel point la patience peut être mise à rude épreuve dans les salles d'attente de monsieur le docteur qui n'est pas capable de prendre les gens à l'heure ! Heureusement j'avais pris avec moi ce petit livre. Ayant déjà lu Thoreau dans Walden, j'avais ainsi décidé de poursuivre sur ma lancée.
Thoreau dans La Désobéissance Civile expose encore une fois un récit réel, une expérience vécue dans laquelle il décide de s'opposer à son Etat d'une manière toute particulière: la désobéissance civile.
Tout d'abord, il faut recadrer le récit: en 1849, les Etats-Unis n'ont aboli l'esclavage que dans bien peu d'Etats, et participent à une guerre contre le Mexique. L'auteur résidant dans l'Etat du Massachussets, qui n'a pas aboli l'esclavage et qui finance clairement la guerre, a décidé de s'opposer à ces politiques et dans un sens plus larges, aux institutions de la démocratie en refusant de payer ses impôts six longues années durant, montrant ainsi son objection face aux politiques de son Etat par un moyen non-violent. Thoreau passe donc une nuit en prison où il nous éclaire sur sa perception de l'Etat, de la société et des constituantes de la démocratie.
L'intérêt principal de l'oeuvre réside dans la façon dont Thoreau expose sa philosophie. A la fois poétique et fluide, son récit est très agréable à lire et accessible à tous. Les concepts y sont très bien exposés et on en saisit facilement les grands axes de réflexion de l'auteur qui ne sont pourtant pas si simples que l'on pourrait le croire si l'on décide de réellement approfondir la question.
Ce livre est probablement indispensable, ou du moins édifiant, pour saisir les enjeux à la fois politiques et philosophiques de la désobéissance civile. En effet aujourd'hui on voit de nombreuses manifestations non-violentes envers l'Etat.
On peut percevoir l'oeuvre comme un manifeste individualiste proférant les préceptes de l'anarchisme mais il n'en est rien selon moi. Il s'agit en fait de l'explication d'un acte raisonné par des gens éclairés et dont la réflexion est plus profonde que celle de l'opinion, aveuglée par l'Etat.
Je conseille donc fortement cet ouvrage aux amateurs de Thoreau tout d'abord mais aussi à ceux qui veulent comprendre les rouages de la désobéissance civile, et ce, même de nos jours. Je vais clore cette critique par une petite citation: "Il est plus désirable de cultiver le respect du bien que le respect de la loi."