Par GP, l’original scribouillard français (1936-1982), voici La disparition (1969), roman assumant un choix ahurissant. Un pari ? Qui sait. Pour tout savoir sur GP, consultons SC ou wiki.
La disparition, un roman un vrai ? Oui ou non, faudrait savoir. Alors voilà mon opinion :
Oui, il s’agit d’un roman, car GP a choisi d’intrigants individus ou inconnus d’horizons banals (Dourdan, Aulnay-sous-bois, Arras) ou sans rapport logico-linguistico-grammatical (Paris, Ankara, Agadir, Azincourt, Francfort, Oxford), allant droit à la mort sans savoir pourquoi (d’aucuns, survivants, y travaillant). La loi du Talion… Mais chhhh.
Un roman… non pas du tout, il s’agit d’un bouquin (grosso modo 300 p.), un truc fou alignant mots franco-français savants à gogo (au hasard : gayac, agouti, colcotar, zizolin, smaragdin, brassicourt…), argot, anglais ou latin, faux justificatif d’un fil narratif sinusoïdal, aussi riquiqui qu’un bigoudi nain (pourquoi un bigoudi nain ? Pour imitation inspiration GP), qui finit roman à tiroirs. Tours, quarts ou mi-tours, brouillamini, imbroglio ad libitum. A contrario, oublions un instant la narration pour du positif. Youpi, waouh ! Un pari fou qui procura (pour moi) moult occasions d’admiration pour circonvolutions, bons mots inconnus, amusants ou rigolos. Rit-on ? Non, pas tout à fait, mais au moins on sourit !
Nous croisons ici Anton Voyl, Arthur Wilburg Savorgnan, Amaury Conson, Aloysus Swann, Anton Haig, Ottavio Ottaviani, Olga Mavrokhordatos, un finlandais grognon, trois sumos japonais joufflus, cinq anglais saouls (au whisky), dix… Non, stop à l’affabulation (à partir du finlandais grognon). Ajoutons plutôt qu’on lit (Chap. 11) :
" - Allons, fit Savorgnan, n’ayons pas l’air si abattus. « Nonobstant nos chagrins, il nous faut nous unir », ainsi chantait autrefois François Danican Philidor. Oublions un instant nos morts, nos amis disparus, mais tâchons aujourd’hui d’y voir plus clair, toujours plus clair, afin d’amoindrir la damnation qui fond sur nous, afin d’affranchir du soupçon nos futurs !
- Mais nous n’aurons jamais fini ! cria alors Olga. Plus nous approfondirons, plus ira durcissant l’inconnu, jusqu’au noyau final où nous nous avachirons. Pourquoi vouloir courir à la mort ?... »
Significatif ou rassurant (au choix, ou pas). Oui mais, plus loin (toujours Chap. 11) :
« Augustus B. Clifford ouvrit un cil. Il avait mal dormi. Il rabâchait sans fin un mot idiot qu’il n’arrivait jamais à saisir : voilà, ou vois-là ou Voyou ou Voyal ? qui, par associations, provoquait un amas, un magma incongru : substantifs, locutions, slogans, dictons, tout un discours confus, brouillon, dont il croyait à tout instant sortir, mais qui insistait, imposant l’agaçant tourbillon d’un fil vingt fois rompu, vingt fois cousu, mots sans filiation, où tout lui manquait, la prononciation, la transcription, la signification, mais tissant pourtant un flux, un flot continu, compact, clair : impact sûr, intuition, savoir s’incarnant soudain dans un frisson vacillant, dans un flou qu’habitait tout à coup un signal plus sûr, mais qui n’apparaissait qu’un instant pour aussitôt s’abolir. »
Nota : chap. 5 manquant, ou plutôt omis. Pourquoi ??? Il y a là un fait important, capital.
Vous r.marqu.r.z l’.ffort d’imitation pour produir. un. critiqu. .n suivant le m.m. pari fou qu. l’aut.ur : un bouquin .nti.r (26 chapitr.s, soit autant qu. l.s l.ttr.s d. l’alphab.t, mais sans c. chapitr. 5, la l.ttr.. . .tant la cinqui.m. dudit alphab.t.) P.tit. indignation pour justifi.r c. paragraph. .t mon choix d. pr.s.ntation : G.org.s P.r.c s. p.rm.t par mom.nts qu.lqu.s .ntors.s av.c l’orthograph. pour contourn.r d.s difficult.s. .t puis, si c.tt. .dition provi.nt d. la maison Gallimard (coll.ction l’Imaginair.), l’.dition original. fut publi.. ch.z D.no.l. S.s nom .t pr.nom figur.nt sur la couv.rtur., av.c pas moins d. 4 fois la l.ttr. proscrit. ! Si G.org.s P.r.c n. pouvait pas .vit.r c.t obstacl., j. choisis ma façon d. l. contourn.r pour dir. qu’ici il s. montr. d’un. incroyabl. fin.ss. Grâc. à un. formidabl. .rudition .t un. amusant. habil.t. à contourn.r tous l.s obstacl.s, il trouss. un. histoir. justifiant parfait.m.nt son titr.. Av.u r.v.lat.ur (chapitr. 26) :
« Mais, à la fin du match, on poursuivrait par un Nô, aussi long qu’ardu à saisir. Tu voudrais d’abord partir, mais, poli, tu suivrais un instant, t’obstinant, t’aidant d’un flou synopsis, à saisir, par-ci, par-là, un mot, un clin, un bruit, l’indication d’un courroux, d’un chagrin, d’un fol amour, qui saurait t’affranchir quant à la signification du fait qui s’accomplit, pour toi, non loin du strapontin qu’on t’alloua, mais sans jamais aboutir à un savoir satisfaisant, à l’instar d’un individu qui, lisant un roman, croirait à tout instant qu’on va lui fournir la solution dont il souhaitait la confirmation, à partir du maudit instant où il s’attaqua au susdit bouquin, alors qu’il n’y a, au fur qu’il poursuit, qu’ambigus faux-fuyants laissant toujours dans un troublant clair-obscur l’ambition qui animait la main du scribouillard.
Aussi, à la fin, t’assoupirais-tu, las d’avoir trop voulu saisir, à l’instar du toutou qui, soumis par Pavlov à un stimulus salivant non suivi d’un brimborion nutritif, finit par s’offrir un bon roupillon, inhibant au maximum l’insinuant circuit cortico-subcortico-cortical qui contrôlait son activation, son « arousal ». Lors pourrions-nous t’abolir sans mal. »
Pour ma notation (justification, plus ou moins…) : j’ai pas tout suivi ni tout compris.
Conclusion : un grand bravo à l’imaginatif M. P….